Face à l'incapacité des États membres de l’UE de réunir une majorité qualifiée en faveur ou à l'encontre du renouvellement de licence de la substance active du glyphosate, la Commission a décidé de suivre les recommandations de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) en donnant son aval pour une prolongation de dix ans. En effet, celle-ci est habilitée à prendre la décision en cas de blocage au sein du comité permanent des végétaux, des denrées alimentaires et des aliments pour animaux (ScoPAFF).
Un herbicide aux propriétés inégalées et à la croissance florissante
Le glyphosate est un désherbant non sélectif qui sert notamment à éliminer les adventices pour nettoyer le sol sans avoir besoin de labourer. Son utilisation est particulièrement bénéfique dans le cadre de l'agriculture de conservation : il s'agit d'un système cultural qui implique une variation des cultures sur une même parcelle et, avant la semaison d'une nouvelle culture, de laisser la terre se couvrir de végétaux ensuite détruits par le glyphosate. Ce processus permet de rendre le sol plus fertile et donc de limiter l'utilisation d'engrais et la perturbation mécanique du sol. En outre, ce procédé prévient les pertes de terres arables tout en régénérant les terres dégradées.
En raison de son efficacité et de son bas coût, le glyphosate est devenu, depuis son introduction dans le marché dans les années 1970, l'herbicide le plus utilisé en France et dans le monde.
L'équilibrisme délicat du milieu scientifique entre le principe de précaution et les bénéfices agricoles
En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC - Agence de l'OMS) a classé pour la première fois le glyphosate comme un cancérogène probable avec des « preuves limitées sur les humains et convaincantes sur les animaux ». Néanmoins, aucune autre agence dans le monde n'a abouti par la suite aux mêmes conclusions. Dans son rapport publié en juillet 2023 et fondé sur 2 400 études dont 800 publications universitaires, l'EFSA n'a ainsi « pas identifié de domaines critiques préoccupants pour les effets du glyphosate sur la santé humaine, sur les animaux et sur l'environnement ». L'agence européenne relativise pourtant ses propos en rappelant que le manque de données empêche toute conclusion définitive au sujet du glyphosate.
En matière d'agriculture, les experts de l'EFSA ont considéré que la balance bénéfices/risques penche aujourd'hui du côté de la prolongation de l'usage du glyphosate. S'il n'y a pas de toxicité massive et incontestable du glyphosate, le principe de précaution a néanmoins amené la France à interdire son usage aux particuliers et pour l'entretien des espaces publics.
Plus d'informations
Voir le CP de la Commission européenne
