La Commission prépare sa future proposition sur le bien-être animal

In Actualité de l'Union européenne, Agriculture - Développement Rural by Ambre

Dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe (Green Deal), annoncé par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en 2019, huit axes stratégiques ont été élaborés afin de lutter contre le changement climatique et la dégradation de l’environnement en transformant l’UE en une économie durable, moderne et compétitive. Parmi ces différentes stratégies figure la stratégie « de la ferme à la table ». Celle-ci prévoit un certain nombre d'actions législatives et non législatives, dont la révision de la législation de l’UE sur le bien-être animal.

Cette proposition de la Commission est prévue pour le second semestre 2023. Pour l’aider dans l’élaboration de cette future proposition, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a été mandatée pour mener des recherches sur l’amélioration du bien-être des animaux. Elle a ainsi émis, le 7 septembre dernier, cinq avis comportant des idées pour améliorer le bien-être des animaux d’élevage. Cette série d’avis scientifiques concerne les petits ruminants, les équidés, les bovins, les cochons ainsi que les animaux transportés dans des conteneurs.

 

Une solution en trois volets pour améliorer le bien-être des animaux : baisse de la température, augmentation de l’espace dans les transports et diminution du temps de trajet

L’EFSA est formelle, trois conditions sont nécessaires pour améliorer le bien-être des animaux.

Dans un premier lieu, les cinq avis expliquent qu’il est primordial de baisser la température pendant le trajet dans les véhicules pour tous les animaux. Chez les petits ruminants, par exemple, le stress thermique commence lorsque la température critique supérieure (TCS) est de 28°C pour les moutons non tondus et 32°C pour les moutons tondus. Pour les chevaux et les bovins, la température à l'intérieur des véhicules pendant le transport ne doit pas dépasser la température critique supérieure (TCS), qui a été estimée à 25°C. Aussi, pour les cochons, plusieurs limites de température sont données : pour les truies, il faut rester entre 20 et 22°C, pour les porcs adultes entre 22 et 25°C et pour les porcelets entre 25 et 30°C.

De plus, l’EFSA estime que l'augmentation de l'espace dans le véhicule est bénéfique pour que les animaux puissent ajuster leur posture en réponse aux accélérations ou d'autres événements pendant le transport. En effet, le stress lié au mouvement et la surstimulation sensorielle commence au moment où le véhicule se met en mouvement et se poursuit pendant que le véhicule se déplace, entraînant potentiellement de la fatigue et des états émotionnels négatifs tels que la peur et la détresse. Ainsi, une augmentation de l’espace pour chaque animal limite la surstimulation sensorielle et permet une diminution de la peur et de la détresse. L'espace minimum alloué doit être calculé à l'aide d'une méthode scientifique validée (voir l'avis complet pour plus d'informations). Pour les chevaux, par exemple, un espace minimum est nécessaire pour lui permettre d'abaisser la tête afin de s'équilibrer, de se reposer et de dégager les voies respiratoires, et un espace supplémentaire peut être nécessaire pour placer les mangeoires et les abreuvoirs dans les véhicules. Pour les chevaux voyageant en petits groupes, les quelques données disponibles indiquent qu'une densité de peuplement ne dépassant pas 200 kg/m2 améliore le bien-être par rapport à des densités de peuplement plus élevées.

Enfin, les chercheurs indiquent la durée d'exposition des animaux aux états émotionnels négatifs dépend de la durée du voyage. S’agissant des animaux transportés dans des conteneurs, l'EFSA recommande que la durée du trajet soit considérée comme l’intégralité du temps que les animaux passent dans les conteneurs. Globalement, les recherches ont montré que même lorsqu'un véhicule de transport est équipé d'abreuvoirs, les trajets qui durent plus de 12 heures peuvent entraîner une soif prolongée qui peut conduire à la déshydratation et aux états émotionnels négatifs associés, ainsi qu'à des changements physiologiques liés à la soif. Aussi, en raison de difficultés pratiques pour nourrir les animaux lors d'un transport, des changements physiologiques indicatifs de la faim peuvent être présents après 12 heures de transport. Par ailleurs, l’EFSA explique que les pauses n'atténuent pas les conséquences du voyage en termes de bien-être.

 

La sécurité de la chaîne alimentaire liée au bien-être des animaux :

Si ces changements semblent moralement indispensables pour réduire la souffrance des animaux, ils sont aussi essentiels pour garantir la sécurité de la chaîne alimentaire. En effet, l’EFSA montre que les facteurs de stress et le manque de bien-être peuvent entraîner une sensibilité accrue aux maladies transmissibles chez les animaux. Ainsi, les bonnes pratiques en matière de bien-être animal détaillées par les scientifiques dans les cinq avis réduisent non seulement les souffrances inutiles, mais permettent surtout de garder les animaux en bonne santé.

Toutefois, des associations telles que Compassion in World Farming EU regrettent que les recommandations de l’EFSA ne soient pas plus ambitieuses. En effet, si les chercheurs affirment, par exemple, qu’au-delà de 12 heures sans nourriture, les cellules intestinales d’un poulet se décomposent, ils recommandent toujours une limite maximale de 12 heures pour la durée de voyage des volailles

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