Conclusion d’un accord de partenariat entre l’UE et l’Egypte

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Le 17 mars dernier, l'Egypte et l'UE ont conclu un partenariat controversé qui prévoit l'octroi de 7,4 milliards d'euros de prêts et de subventions d'ici 2027 en soutien à l'économie égyptienne en échange d'actions concrètes pour contenir les flux migratoires vers l'UE.


Soutenir une économie égyptienne fragilisée

Ce nouveau partenariat illustre le renforcement "significatif" des relations avec l'UE au cours des dernières années, précise le Président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. De plus, il intervient alors que l'Egypte est confrontée à une crise économique majeure, accentuée par la hausse des prix du blé suite à l'invasion russe de l'Ukraine, mais aussi à une déstabilisation profonde liée au conflit voisin entre Israël et le Hamas. Ainsi, 100 millions d'euros seront destinés à soutenir des projets de stockage de céréales dans le but d'atténuer les dommages de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire dans le pays.

L'accord se concentre sur 5 axes. Tandis que le premier volet vise à promouvoir la démocratie, l'égalité des sexes et plus largement les libertés fondamentales, le second a trait à la stabilité économique, en complément de l'aide financière du FMI et dans une optique de croissance durable.

Par ailleurs, en règle générale, les fonds européens soutiennent des projets cofinancés ou des ONG présentes sur place. Or, pour la première fois, la majorité de l'enveloppe, soit 5 milliards d'euros, sera directement versée sous forme de prêts à taux réduits à la banque centrale égyptienne et donc, pour le dire autrement, au gouvernement.


Sécuriser les approvisionnements énergétiques de l'UE

Depuis l'invasion russe de l'Ukraine, les pays européens cherchent à se détourner des ressources énergétiques russes tout en sécurisant leurs approvisionnements. En mai 2022, la Commission européenne a proposé le plan "REPowerEU", qui cible le développement des énergies propres mais aussi la diversification des sources d'approvisionnement de l'UE afin de cesser toute importation de pétrole, de gaz et de charbon russes d'ici 2027.

Dans cette lignée, le troisième volet du partenariat, qui porte sur les investissements et les relations commerciales, se concentre plus particulièrement sur le domaine énergétique, l'objectif étant de garantir à l'UE de nouvelles ressources en hydrogène ou en gaz. D'autres domaines clés sont ciblés, tels que l'agriculture, la transition numérique, la gestion de l'eau ou encore la sécurité alimentaire.


Freiner l'immigration illégale

Une enveloppe de 200 millions d'euros, soit près de 3% de l'aide totale, est allouée à la surveillance des frontières et à l'endiguement des flux migratoires en direction de l'Europe. Ces financements soutiendront notamment la lutte contre le trafic d'êtres humains et la garantie d'un accueil digne des réfugiés dans le pays, dans un contexte notamment marqué par un afflux de Soudanais.e.s fuyant la guerre dans leur pays.

Ce partenariat s'ajoute à un accord, lui aussi controversé, conclu entre l'UE et la Tunisie en juillet 2023 pour soutenir l'économie du pays tout en luttant contre l’immigration irrégulière.

Enfin, les deux derniers volets ciblent respectivement une réponse aux enjeux sécuritaires, notamment face à la menace terroriste, et l'enseignement et la formation professionnelle. Par ailleurs, l'Egypte pourra entamer des négociations pour adhérer aux programmes Europe créative, Horizon Europe et Digital Europe.


Un accord qui n'échappe pas aux critiques

Le régime égyptien, tout comme son voisin tunisien, fait l'objet de vives contestations de la part de multiples ONG et personnalités politiques. Ainsi, les députés européens ont voté en novembre 2022 une résolution sur la situation des droits de l’homme en Égypte afin d'alerter sur "l’absence persistante de droits et de libertés politiques fondamentaux" dans le pays, en citant entre autres les emprisonnements arbitraires de journalistes.

Eve Geddie, directrice du de la représentation d’Amnesty International auprès des institutions européennes, a dénoncé en janvier 2023 le "bilan déplorable" du régime égyptien en matière de droits humains avant d'ajouter que "les dirigeant.e.s de l’UE doivent changer de cap et faire savoir que l’absence de réponse à la crise des droits humains en Égypte va à l’encontre d’un pilier essentiel de la collaboration avec l’UE".

Face à ces préoccupations, la Commission répond que ces aides financières sont essentielles pour améliorer les conditions de vie de la population égyptienne. Par ailleurs, la Présidente Ursula von der Leyen a défendu sur Twitter la nécessité de soutenir ce pays qui représente un "pilier pour la stabilité et la sécurité au Moyen-Orient".


Plus d'informations

Voir la déclaration conjointe sur le partenariat stratégique et global entre la République arabe d’Égypte et l’Union européenne.

Voir le communiqué de presse de la Commission européenne sur le Mémorandum d’entente sur un partenariat stratégique et global entre l’Union européenne et la Tunisie, 16 juillet 2023.

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