Le 4 novembre 2024, le Commissaire européen désigné à l’Agriculture et à l'Alimentation, Christophe Hansen, a été auditionné par les eurodéputés. Lors de ce débat de 3 heures, il a pu répondre à plusieurs questions d’actualité sur l’avenir de la PAC, l’adhésion de l’Ukraine à l’UE et les conditions de travail des agriculteurs.
Un Européen convaincu et expérimenté
Christophe Hansen est un Luxembourgeois membre du Parti populaire européen (PPE). Il a été désigné pour devenir le prochain Commissaire en charge de l’Agriculture et de l’Alimentation.
Après avoir obtenu un Master en géosciences, sciences de l’environnement et gestion des risques à l’Université Louis Pasteur à Strasbourg, il a travaillé pendant plusieurs années dans le domaine des affaires européennes et de l’agriculture. Il a ainsi été conseiller politique d’une ancienne députée européenne, Astrid Lulling, siégeant dans les commissions agriculture et développement (AGRI) et affaires économiques et monétaires (ECON) et a travaillé à la Représentation permanente du Luxembourg auprès de l’UE.
Côté politique, il était député européen depuis 2019. Il a notamment été rapporteur du Règlement relatif aux plans stratégiques relevant de la PAC (2019), de la Directive relative à l’eau potable (2020) et du Règlement sur la déforestation (2022). Il est également membre du Parlement luxembourgeois où il siège, en autre, dans la Commission de l’agriculture, de l’alimentation et de la viticulture.
Dans ses réponses écrites aux eurodéputés transmises avant son audition, Christophe Hansen est évidemment revenu sur son mandat au sein du Parlement européen mais a également évoqué des éléments plus personnels. Il a ainsi indiqué avoir « grandi dans une petite exploitation familiale à la frontière entre le Luxembourg et la Belgique » et avoir « contribué au fonctionnement de cette exploitation » ce qui lui a permis de ressentir « très tôt […] l’effet positif que l’UE pouvait avoir ».
Avoir une PAC « forte »
Lors de son audition, Christophe Hansen a défendu la nécessité d’avoir une politique agricole commune (PAC) « forte » et « dévouée » et a indiqué que le Parlement pouvait « compter sur [lui] pour défendre un budget très solide et dédié à la PAC ».
Il souhaite également que les fonds européens soient mieux répartis afin d’aider les petits agriculteurs et juge « inacceptable que des milliardaires reçoivent des subventions alors que ceux qui en ont besoin ne bénéficient que d'augmentations minimes ».
Devant les députés européens, il a plaidé pour une plus grande flexibilité de la PAC afin de prendre en compte la diversité des réalités au sein des Etats membres en indiquant que « tous les pays n’ont pas les mêmes contraintes » et que « les mesures qui peuvent aider le Luxembourg n’auront peut-être pas le même impact dans des pays comme l’Italie, la Grèce ou l’Espagne ».
Dans ses réponses écrites aux députés, il a par ailleurs mis en avant sa volonté de mieux équilibrer la durabilité environnementale, économique et sociale en indiquant que « nous ne réussirons pas à donner la priorité à l’une d’entre elles sans nous assurer que les autres sont également sur la bonne voie ».
Mieux soutenir les agriculteurs
Le Commissaire désigné tient à améliorer les conditions de vie et de travail des agriculteurs. Devant les députés européens qui l’interrogeaient sur le taux de suicide des agriculteurs et sur leurs souffrances mentales, Christophe Hansen a parlé de la mort de son frère survenue l’année dernière (à la suite d’une chute dans un escalier) qu’il attribue « à de nombreux facteurs qui touchent les agriculteurs » comme « les difficultés financières ». Il a également mentionné les accidents dü au manque de repos des agriculteurs en jugeant que cette situation était « inacceptable ».
Pour rappel, selon une étude de Santé publique France réalisée en 2017, il y a en France un suicide d’agriculteur tous les deux jours.
Il a également indiqué qu’il porterait une attention particulière au maintien d’un revenu équitable pour les jeunes agriculteurs.
Les autres grands sujets : Ukraine et Mercosur
Lors de son audition, Christophe Hansen et les députés européens ont également abordé des sujets d’actualité comme l’adhésion de l’Ukraine à l’UE, les négociations avec le Mercosur et le changement climatique.
Sur l’Ukraine, Christophe Hansen juge que cette possible adhésion est « l’éléphant dans la pièce » pour le secteur agricole mais qu’elle pourrait permettre à l’UE « d’être plus [indépendante] en ce qui concerne les protéagineux ». Il a par ailleurs fait remarquer sur ce sujet que l’UE était très « dépendante » et « vulnérable » en ce qui concerne ces importations.
Il s’est montré plutôt en faveur de l’accord avec le Mercosur puisque selon lui « pouvoir exporter constitue un atout pour notre agriculture européenne, […] [les accords internationaux] sont aussi dans l’intérêt de nos agriculteurs » tout en reconnaissant qu’il faudra regarder « très attentivement ce que va être négocié et ce qui est en train d’être négocié ».
Enfin, il a indiqué que la stratégie qu’il mènera s’appuiera sur le rapport du dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture européenne et qu’il souhaitait être « un Commissaire de terrain ».