Dans le cadre la Présidence Française du Conseil de l’UE, un Sommet de l'aviation s'est tenu ces 3 et 4 février à Toulouse. Ce sommet a été l'occasion pour les ministres chargés du transport aérien, la Commission européenne, des responsables d’États tiers et des acteurs du secteur aérien de discuter des moyens entrepris pour assurer la décarbonation du secteur. À l'issue de ce sommet, les 27 États membres de l’UE, ainsi que 15 autres pays parmi lesquels les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada ou encore le Maroc, ont signé, aux côtés de plusieurs dizaines d’organisations et d’entreprises du secteur aérien, la ‘Déclaration de Toulouse’.
Au programme du Sommet de l'aviation, étaient prévus des séances de travail, des tables rondes et des échanges organisés autour de plusieurs thématiques : les attentes des passagers internationaux sur la décarbonation, les perspectives technologiques et les actions de soutien des pouvoirs publics européens. L’objectif de ce rassemblement était de favoriser l’engagement de tous en faveur de cet objectif de décarbonation.
Transition écologique : quels enjeux pour le secteur de l'aviation ?
La croissance record du trafic, avant la crise de la COVID-19, fait de l’aviation et des transports maritimes internationaux les sources d’émission à la croissance la plus rapide. Ainsi, ils représentaient chacun un peu moins de 3,5 % des émissions totales de gaz à effet de serre de l’Union européenne.
Si la crise a drastiquement réduit les émissions de l’aviation, la reprise de la croissance espérée pour 2025 rend nécessaire la mise en place de mesures de réduction de ces émissions. Dès lors, le secteur va devoir se réinventer tout en répondant aux enjeux climatiques fixés notamment par le Pacte vert européen.
Ainsi, plusieurs axes existent pour décarboner durablement le transport aérien :
- L'innovation technologique (conception, motorisation, utilisation de l’électrique, de l’hybride ou de l’hydrogène)
- L'amélioration des opérations (trajectoires, vol en formation)
- L'optimisation des infrastructures aéroportuaires
- Le déploiement des carburants d'aviation durables
Durant le sommet, l’industrie aéronautique a été invitée à présenter ses dernières avancées sur ces thématiques.
Ces échanges ont notamment permis d’aboutir à l'adoption de la déclaration de Toulouse qui est portée par l'objectif ambitieux de neutralité carbone en 2050 pour le transport aérien.
Que prévoit la déclaration de Toulouse ?
L’objectif de la déclaration de Toulouse est de donner une impulsion politique à l’échelle européenne et internationale par des engagements promouvant l’adoption d’un objectif de long terme de décarbonation du secteur aérien (LTAG – long term aviation goal) en vues de l’Assemblée triennale de l’ Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) qui aura lieu à l’automne 2022 et en écho à la CoP26.
Tout en reconnaissant le rôle essentiel de l'aviation dans la connectivité mondiale et régionale ainsi que le défi complexe posé par sa décarbonation, la déclaration de Toulouse engage les signataires à reconnaître la nécessité d'une action immédiate et adéquate pour soutenir, et inciter à la décarbonation de l'aviation (conformément aux objectifs climatiques européens et internationaux). Elle souligne également l'importance de traiter simultanément la durabilité sociale et la viabilité environnementale et économique du transport aérien. Ainsi, au delà des mesures de réduction des émissions, les signataires reconnaissent la nécessité d'une coopération internationale au sein de l'OACI pour garantir des conditions de concurrence équitables au niveau mondial. Enfin, ils s'engagent à prendre en compte les attentes de la société civile en matière de décarbonation des transports, en particulier de l’aviation, dans le cadre de la recherche d'une combinaison optimisée des modes de transport.
Pour parvenir à ces objectifs, les États membres de l’UE misent en partie sur certaines des propositions du paquet législatif "Ajustement à l’objectif 55%", présenté par la Commission européenne en juillet 2021, comme l’introduction de carburants alternatifs pour les aéronefs (‘ReFuelEU Aviation’).
Et après ?
La Déclaration de Toulouse intervient alors que la 41e assemblée générale de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) aura lieu en septembre prochain. Dès lors, l’objectif affiché de ce texte non contraignant sera de pousser les États membres de l’OACI (au nombre de 193) à adopter un objectif ambitieux à long terme pour l'aviation internationale.
Par cette déclaration, les pays signataires espèrent également amener d’autres États, comme la Russie et la Chine, à revoir leur objectifs de neutralité carbone dans le secteur aérien, jusqu’ici fixés pour 2060.