En juillet 2021, la Commission européenne a dévoilé sa nouvelle stratégie européenne pour les forêts à l’horizon 2030 devant restaurer les forêts contre le dépérissement, les pressions liées aux activités humaines et augmenter leur résilience face au réchauffement climatique.
Cette stratégie découle d’un des axes stratégiques du Pacte vert pour l’Europe, préserver et rétablir les écosystèmes et la biodiversité, et s’appuie sur la stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030. Globalement, elle favorisera l’atteinte des objectifs de l’UE concernant la biodiversité, la réduction des émission de gaz à effet de serre d’au moins 55% d’ici à 2030 et la neutralité climatique en 2050. S’agissant des forêts, la stratégie permettra d’accroître leur nombre et leur qualité dans l’UE et renforcera leur protection, leur restauration et leur résilience face au changement climatique. En plus d’être notre carte ultime contre le changement climatique, cette sauvegarde des forêts soutiendra le développement rural des territoires et maintiendra son rôle économique essentiel et les emplois qui en découlent.
De multiples actions en lien avec la stratégie ont été imaginées telles que :
- la promotion de la bioéconomie forestière durable pour les produits ligneux qui ont une longue durée de vie ;
- l’utilisation durable des ressources en bois pour la bioénergie ;
- la promotion de la bioéconomie basée sur les produits non ligneux pour par exemple l’écotourisme ;
- le développement des compétences des personnes pour une bioéconomie durable basée sur les forêts ;
- la protection des dernières forêts primaires et anciennes de l’UE ;
- la restauration des forêts et le renforcement de la gestion durable des forêts pour l’adaptation au climat et la résilience des forêts ;
- le boisement et le reboisement de forêts riches en biodiversité, y compris en plantant 3 milliards d’arbres supplémentaires d’ici à 2030;
- des incitations financières proposées aux propriétaires et gestionnaires de forêts en vue d’améliorer la quantité et la qualité des forêts de l’UE ;
- la surveillance stratégique des forêts, l’établissement de rapports et la collecte de données ;
- le développement d’un programme solide en matière de recherche et d’innovation pour améliorer nos connaissances sur les forêts ;
- la mise en œuvre d’un cadre de gouvernance forestière de l’UE inclusif et cohérent ;
- le renforcement de la mise en œuvre et de l’application des acquis de l’UE existants.
Si ces propositions semblent rendre possible une gestion durable et dynamique des forêts qui permettra leur résilience et leur adaptation réussie au changement climatique, elles ont suscité de vifs débats chez les acteurs publics et privés de la filière bois qui représentent 20 % des entreprises manufacturières de l’UE. Le 15 novembre 2021, les ministres de l’Agriculture des 27 États membres ont adopté le projet, tout en reprochant à la Commission d’ignorer le rôle « multifonctionnel des forêts, réduites à des considérations environnementales ».
Le Parlement souhaite ainsi concilier gestion économique et écologique des forêts dans son rapport d’initiative voté le 13 septembre 2022.
Tenant compte des critiques à l’égard de la stratégie européenne pour les forêts, le Parlement européen dans son rapport d’initiative évoque les aspects environnementaux mais également sociaux et économiques.
Le rapport d’initiative a été adopté en plénière par 417 voix pour (144 contre et 67 abstentions).
Le texte rappelle que les forêts peuvent fournir des services écosystémiques, mais aussi des emplois. Il souligne donc le rôle multifonctionnel des forêts important pour les acteurs du bois ainsi que le Conseil de l’UE. Au-delà des fonctions multiples des forêts, le rapport aborde la diversité de celles-ci nécessitant des efforts de décentralisation. En effet, suivant la localisation de la forêt, les conditions climatiques, les modèles de propriété et les formes de gouvernance impliquent une gestion sur-mesure et locale. Il faut s’appuyer sur l’expérience locale pour gérer au mieux les forêts. Le rapport met ainsi en évidence l’importance de privilégier une approche « bottom-up » du bas vers le haut. Enfin, les députés européens appellent la Commission européenne à mettre en place un système coordonné de surveillance des forêts et de collecte de données afin de permettre aux États membres d'élaborer des plans stratégiques pour les forêts et le secteur forestier. En somme, les députés européens proposent, après 526 amendements, d’intégrer à la stratégie initiale de la Commission quatre volets que sont la multifonctionnalité des forêts, la durabilité de la gestion, l’autonomisation des propriétaires et la prise en compte des conditions locales.
Même si certains parlementaires estiment que l’aspect socio-économique n’est pas assez pris en compte quand d’autres pensent que la gestion proposée est trop orientée vers l’exploitation, ce rapport parlementaire est salué par la Confédération européenne des propriétaires forestiers qui regroupe les associations de producteurs des pays de l’UE.