Les négociations interinstitutionnelles se tendent sur la pêche électrique en Europe

In Actualité de la Représentation d’Occitanie Europe, Pêche by Occitanie Europe

Les négociations en trilogue (entre les trois institutions européennes) sur les mesures techniques de pêche ne cessent d'être reportées. Ces négociations butent en effet toujours sur la question d'interdiction de captures marines au moyen du courant électrique.

  • le Parlement européen avait adopté un amendement en janvier dernier prévoyant l'interdiction de cette pratique en Europe ;
  • le Conseil prône une dérogation de la pêche électrique à titre expérimental, dans la limite de 5% de la flotte des chalutiers en Mer du Nord ;
  • la Commission européenne quant à elle s'accorde sur les restrictions géographiques, mais souhaiterait assouplir la règle des 5%. En effet, la Commission met en avant la pêche électrique comme méthode alternative de pêche, plus inoffensive pour l'environnement.

Les Pays-Bas utilisent déjà cette pratique controversée, alors que la Belgique a demandé une dérogation pour pouvoir l'expérimenter. Ils revendiquent en effet cette méthode au nom de l'innovation dans le secteur de la pêche, ainsi que la protection de l'environnement. L'Italie et le Royaume Uni restent perplexes devant cette méthode, alors que l'Allemagne et le Danemark ont demandé à poursuivre les études expérimentales. La France a elle réaffirmé son opposition à cette pratique par la voix de son ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, pour lequel cette technique n'est "ni une solution, ni une innovation", car elle met en danger les écosystèmes et les jeunes poissons.

Le débat a été ranimé récemment par une étude du Conseil international de l'Exploration de la Mer (CIEM), qui affirme que la pêche électrique a moins d'effets sur l'environnement que les chaluts traditionnels. Or, en commission Pêche au Parlement européen, de nombreux députés, dont les Français, ont fustigé cette étude, qui a été demandée par le gouvernement néerlandais : celle-ci serait donc biaisée pour appuyer les arguments des Pays-Bas en faveur de l'autorisation. Selon l'eurodéputée Isabelle Thomas (S&D), cette étude est en effet comparative et non scientifique, et comporterait "beaucoup d'inconnues", notamment sur la survie des jeunes poissons. Pour la députée espagnole Clara Eugenia Aguilera (S&D), « Il faudra attendre des études concluantes et celle-là ne l’est pas ». 

Ce sujet qui divise fortement les États membres empêche les négociateurs de trouver un compromis. Le prochain trilogue a été reporté après la pause estivale, dans le but d'arriver à un consensus.


Plus d'Information:

Notre article en Janvier sur la position du Parlement européen

Proposition de règlement de la Commission européenne relatif à la conservation des ressources halieutiques et à la protection des écosystèmes

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