La Commission publie son plan REPowerEU pour un approvisionnement sûr et durable en énergie

In Actualité de l'Union européenne, Énergie - Environnement - Climat by Romane Faure

Le 18 mai dernier, la Commission européenne a présenté la version finale du plan 'REPowerEU', qui a pour objectif de sortir l'Union européenne de sa dépendance aux énergies fossiles russes d'ici 2027, avec un budget de près de 300 millions d'euros. Le Plan se décline en trois volets : les économies d'énergie, la promotion des énergies renouvelables et la diversification des approvisionnements européens en pétrole et en gaz.

 

Les grandes lignes du plan REPowerEU

Le plan REPowerEU s'appuie sur les propositions du paquet 'Fit for 55' présentées en 2021, et appelle à leur adoption rapide. Il ne modifie pas l'ambition principale d'une réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 et la neutralité climatique d'ici 2050, mais il propose un amendement juridique pour augmenter les objectifs fixés, notamment en termes d'efficacité énergétique, qu'il fixe à à 13% (contre 9% jusqu'à présent).

L'objectif de la Commission avec cette publication est une réduction de 2/3 de l'utilisation du gaz russe d'ici la fin 2022. 

Aussi, l'UE souhaite apporter un soutien aux ménages les plus vulnérables face à la transition énergétique, surtout du fait de la volatilité actuelle des prix de l'énergie. De fait, elle donne la possibilité aux Etats membres de plafonner les prix du gaz pour les consommateurs et de taxer les bénéfices exceptionnels réalisés par les compagnies d'électricité en raison de l'augmentation des prix du gaz.

De plus, la Commission a annoncé l'adoption d'un paquet législatif en 2023 qui sera consacré au verdissement du transport de marchandises.

Pour atteindre ces objectifs, REPowerEU entraînerait un investissement supplémentaire de 210 milliards d'euros provenant du budget de l'UE et des recettes du marché carbone d'ici à 2027. De cette manière, le budget alloué à ce plan s'élèvera à 300 millions d'euros d'ici la fin de la décennie, d'après la Commission. Les fonds seront divisés comme suit : 72 milliards d'euros seront alloués sous forme de subventions, et 225 milliards seront alloués sous forme de prêts au titre de la Facilité pour la reprise et la résilience. En outre, le plan prévoit une répartition de ces ressources par thème :

  • entre 28 et 38 milliards d'euros seront accordés aux infrastructures hydrogène ;
  • entre 6 et 11 milliards d'euros pour le stockage d'énergie ;
  • 37 milliards d'euros pour augmenter la production de biogaz dans l’UE et promouvoir sa conversion en biométhane d’ici 2030 ;
  • 10 milliards d’euros d’ici 2030 pour importer suffisamment de GNL et de gaz par gazoduc en provenance d’autres fournisseurs ;
  • entre 1,5 et 2 milliards d'euros d’ici 2030 pour assurer la sécurité de l’approvisionnement en pétrole de l’UE ;
  • 29 milliards d'euros pour adapter le réseau électrique d’ici 2030.

 

La Stratégie européenne en matière d'énergie renouvelables

Le Plan REPowerEU se veut également ambitieux en termes d'énergies renouvelables, en levant l'objectif de la part du renouvelable dans le bouquet énergétique de l'UE d'ici 2030 de 40% à 45%.

Tout particulièrement, l'énergie solaire se trouve au cœur du plan de la Commission, avec l'objectif de 320GW d'énergie solaire photovoltaïque d'ici 2025 dans l'UE - soit le double du niveau actuel. La stratégie de l'UE pour l'énergie solaire se divise en quatre points :

  • Les toitures solaires, avec la proposition de rendre les panneaux solaires obligatoires pour les bâtiments publics et commerciaux d'une surface utile supérieure à  250 m2 d'ici 2026 ; pour tous les bâtiments publics et commerciaux existants d’une surface utile supérieure à 250 m2 d’ici 2027 ; et pour les nouveaux bâtiments résidentiels d'ici 2029.
  • La simplification de la délivrance de permis pour les projets d'énergie solaire (et éolienne). La Commission veut simplifier les procédures d'autorisation pour ces projets, qui relèvent d'un "intérêt public supérieur", en introduisant des zones favorables aux renouvelables au niveau national, dans les lieux à faible risque environnemental. Ces lieux serait des emplacements spécifiques, sur terre ou en mer, qui seront désignés par les États membres comme « particulièrement adaptés à l’installation de capacités de production d’énergie à partir de sources renouvelables autres que les installations de combustion de la biomasse où le déploiement d'un type spécifique d'énergie renouvelable ne devrait pas avoir d'incidences importantes sur l'environnement ». Le Centre de Recherche Commun a développé un outil en ligne afin d'accompagner les Etats membres dans l'identification de ces zones.
  • La formation d'une main d'œuvre qualifiée ;
  • Des mesures concernant l'industrie de l'énergie solaire.

De plus, la Commission proposera au premier trimestre 2023 un paquet de mesures sur l'écoconception et l’étiquetage énergétique pour les systèmes photovoltaïques, ainsi qu'une révision des exigences existantes pour les pompes à chaleur. Cela permettra de renforcer les chaînes d’approvisionnement en technologies solaires, éoliennes et de pompes à chaleur et les rendre plus durables.

 

Un nouvel approvisionnement en énergie fossile

La priorité de la Commission, à travers REPowerEU, est de s'émanciper de la Russie pour sa demande énergétique en gaz. De fait, si elle souhaite accélérer la transition vers des énergies durables, elle accompagne ce changement par de nouveaux approvisionnement en énergie fossile. Cela passe par de nouveaux accords à court terme de gaz naturel liquéfié (GNL), avec les Etats-Unis ou le Canada notamment. Aussi, les discussions sont en cours avec des pays comme l'Egypte, Israël, l'Algérie, ou encore le Qatar. Ces accords seront des 'doubles accords', c'est à dire des contrats d'approvisionnement en énergie fossile à court terme, et sur le long terme, dans la démarche de transition engagée par l'UE, il deviendra un contrat de production et d'utilisation d'hydrogène vert.

Ce dernier point fait débat au niveau européen, car il constitue un risque d'augmenter les émissions sur le court terme en remplaçant le gaz russe avec des énergies plus polluantes (comme le charbon). Cette perspective devra être prise en compte dans la stratégie long terme de la Commission.


Plus d'Information:

La Communication de la Commission sur REPowerEU 

La Stratégie sur l'énergie solaire 

La recommandation sur l'octroi des permis 

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