Le 14 novembre dernier, la Banque Européenne d’Investissement (BEI) a modifié sa politique de prêt dans le secteur de l’énergie pour s’aligner sur l’Accord de Paris. À partir de 2021, elle ne financera plus de projets basés sur les énergies fossiles. De plus, elle s’est engagée à diriger la moitié de ses investissements, s’élevant à 55,6 milliards par an, à des projets durables et de lutte contre le changement climatique d’ici 2025.
La nouvelle a été accueillie favorablement par les écologistes, bien qu’ils auraient souhaité que la BEI aille encore plus loin. Ils regrettent tout d’abord que des infrastructures gazières puissent encore être financées jusqu’à 2021. Après cette date, ces projets pourront toujours être soutenus par la BEI à condition que les infrastructures n’émettent pas plus de 250g de CO2 par kWh d’électricité produite - la précédente limite était fixée à 550g. Pour obtenir le soutien de la BEI, les projets gaziers devront donc nécessairement inclure des technologies permettant de réduire leurs émissions, comme la capture et le stockage du carbone, et s’engager à graduellement injecter une plus grande proportion de gaz à basse intensité carbone comme l’hydrogène ou les biogaz.
Cette décision ne fait cependant pas l’unanimité au sein de l’UE. La Pologne, la Hongrie et la Roumanie ont voté contre et six autres pays se sont abstenus. Reconnaissant que ces pays faisaient face à des défis spécifiques dans leur transition énergétique, la BEI a décidé d’augmenter le seuil maximal de financement à 75% de la valeur des projets énergétiques durables dans les 10 pays les plus pauvres de l’Union, contre 50% habituellement.
La nouvelle politique de la BEI pourrait avoir un impact sur l’ensemble des marchés financiers. En effet, la BEI est la plus grande banque multilatérale au monde. À ce titre, le changement de politique pourrait ouvrir la voie aux autres banques multilatérales, telles que la Banque Mondiale ou la Banque Asiatique de Développement, qui se sont également engagées depuis la COP 24 organisée à Katowice en 2018 à aligner leurs activités avec l’Accord de Paris. Deuxièmement, obtenir le soutien de la BEI, suite à un processus de sélection rigoureux, permet aux projets de certifier d’une certaine solidité et d'attirer ainsi encore plus d’investisseurs privés. En ce sens, la BEI s’est engagée à contribuer à la levée de 1000 milliards d’euros pour des investissements durables d’ici à 2030.