Le tableau de bord 2024 de l’Espace européen de la recherche (EER), publié dans le cadre du mécanisme de suivi ERA (ERA Monitoring Mechanism), révèle des tendances contrastées en matière de recherche et d’innovation au sein de l’Union européenne.
Basé sur 53 indicateurs répartis en 16 priorités d’action conjointe, le rapport évalue les progrès réalisés par les États membres et les pays associés depuis 2017, autour de quatre grandes priorités stratégiques : 1) approfondir le marché intérieur de la connaissance, 2) accroître la participation de la société et l'impact de la recherche sur la société, 3) garantir l'accès à l'excellence et accroître les interconnexions entre les écosystèmes d'innovation dans l'ensemble de l'Union, 4) Promouvoir des investissements et des réformes concertés en matière de recherche et d'innovation.
Un marché de la connaissance plus ouvert et égalitaire en construction
Dans le domaine de la science ouverte, la plupart des pays montrent une amélioration significative, de même que dans celui de l’égalité des genres. Toutefois, certains indicateurs méritent encore des progrès, notamment la proportion de femmes doctorantes en STEM ou d’autrices dans les publications les plus citées. Concernant les carrières des chercheurs et leur mobilité, les résultats sont contrastés, avec des reculs notables en Espagne et en Italie. En matière de valorisation des connaissances, les copublications public-privé et les brevets académiques sont en hausse, mais le nombre de brevets par PIB et la collaboration des entreprises innovantes avec les universités reculent dans certains pays comme l’Estonie et le Danemark.
Cohésion et excellence : vers une convergence européenne
Dans les régions à faibles performances en R&I, plusieurs indicateurs sont en hausse, bien que les dépenses totales en R&D par rapport au PIB aient légèrement baissé. Les projets labellisés "Seal of Excellence" affichent des résultats contrastés. Les collaborations scientifiques s’intensifient, notamment entre pays dits "élargis" et les autres, suggérant un rapprochement des performances et une meilleure intégration des réseaux de recherche.
Transition verte, numérique et participation sociétale : des résultats mitigés
Pour la transition verte et numérique, les progrès sont inégaux. Les brevets en technologies environnementales diminuent globalement, tandis que la synergie avec l’éducation est globalement en baisse, à l’exception de quelques pays. En revanche, les incitations fiscales à la R&D progressent, avec la Suède et la Slovaquie en tête sur l’émission d’obligations vertes. La confiance dans la science reste stable dans l’ensemble des pays.
Un besoin d’investissements durables et de coordination renforcée
Enfin, la part des dépenses de R&D financées par le secteur privé a diminué dans la majorité des pays. En matière de coordination des investissements publics en R&I, les évolutions sont hétérogènes : certains pays comme l’Italie ou la Lituanie progressent, tandis que d'autres comme Chypre ou la Roumanie régressent.
Depuis 2010, l’EER a connu des avancées marquées en matière d’investissement en R&D, de science ouverte, d’engagement mondial, et de synergies éducatives et industrielles. Cependant, des progrès lents, voire une stagnation, sont à observer dans les domaines liés à la valorisation des connaissances, aux carrières scientifiques, à l’engagement citoyen, à la gouvernance scientifique et aux réformes dans les régions moins performantes. Le rapport appelle ainsi à poursuivre et intensifier les efforts pour une Europe de la recherche plus compétitive et inclusive.
La France en comparaison avec ses voisins
La France affiche une performance globalement moyenne en recherche et innovation, avec des dépenses en R&D et un soutien public légèrement inférieurs à la moyenne européenne. Elle se distingue par un nombre élevé de chercheurs et une forte participation aux marchés publics innovants. En revanche, elle est en retard sur la science ouverte, avec peu de publications et de données en libre accès. La France reste bien positionnée pour le nombre de brevets académiques, le nombre élevé de doctorants et les coopérations internationales. Elle progresse sur l’égalité de genre et reste active dans l'investissement dans les infrastructures de recherches européennes.
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