Le Conseil de l'UE et le Parlement européen se sont mis d'accord après des années de négociations infructueuses sur la nécessité d'imposer d'ici à l'automne 2024, un chargeur filaire universel pour les smartphones, tablettes, consoles et appareils photos numériques.
Douze années de négociations et de travail législatif
C'était un souhait de la Commission européenne formulé en 2009 : mettre en place un chargeur universel pour l'ensemble des appareils portables des Européens. Deux camps s'étaient alors opposés : ceux qui arguaient que la Commission européenne cherchait à freiner le potentiel d'innovation des fabricants de chargeurs et ceux qui soutenaient la Commission dans une démarche de protection du consommateur.
Soucieuse de la culture européenne du compromis, la Commission avait alors opté pour une solution hybride qui consistait à encourager les entreprises à s'autoréguler afin de limiter la prolifération du nombre de chargeurs. Une solution qui a fonctionné puisque le nombre de types de chargeurs en circulation a été divisé par dix en dix ans passant de 30 à 3 : le micro-USB, l'USB-C et le Lightning. Cette directive de 2009 basée sur une démarche volontaire avait ainsi permis des avancées mais échouait face à l'harmonisation complète du marché des chargeurs.
Un texte historique
En janvier 2020, les députés européens avaient adopté une résolution prônant la création d'un chargeur universel relançant ainsi les débats sur une révision de la directive de 2009. Le 7 juin 2022, après plusieurs mois de négociations, les députés européens et le Conseil de l'UE, sous Présidence française, se sont mis d'accord sur l'adoption d'un texte qui prévoit la mise en place d'un chargeur filaire unique : USB-C pour 15 types d'appareils dont les smartphones, les ordinateurs portables, les tablettes, les consoles, les appareils photos numériques ou encore les casques et les liseuses.
24 mois seront nécessaires à l'entrée en vigueur de cette nouvelle règle, période d'adaptation laissée au secteur pour effectuer la transition. Cette période sera de 40 mois concernant les ordinateurs portables. La vitesse de charge devra également être harmonisée afin d'éviter des différences selon les marques et les utilisateurs.
Les Européens dépensent près de 2,4 milliards d'euros par an pour des chargeurs, cette réforme devrait leur permettre d'économiser 250 millions d'euros chaque année et surtout d'obtenir un gain pratique conséquent. C'est également une avancée du point de vue de la protection de l'environnement. Alors que les produits électroniques représentent 11 000 tonnes de déchets par an, la mise en place du chargeur unique pourrait réduire de 1 000 tonnes cette masse.
Apple perd la bataille mais pas la guerre
L'entreprise américaine, Apple, était la première opposante à la mise en place d'une telle législation qui prive son chargeur, le Lightning, du marché européen à l'horizon 2024 pour contraindre la "marque à la pomme" à passer à l'USB-C. Thierry BRETON, Commissaire européen au marché intérieur a rappelé que "la règle s'applique à tout le monde et qu'elle n'est faite contre personne" évoquant également les interférences du gouvernement américain pour éviter l'adoption de ce texte.
Néanmoins, le chargeur filaire a sans doute un avenir assez limité, l'innovation dans ce secteur laisse entrevoir des possibilités importantes de développement et de conquête du marché pour les chargeurs sans fil ou les plateforme de charge. Ces systèmes de chargement sans fil, en plein essor, ne sont pas concernés par cette règlementation, une faille sur laquelle Apple et d'autres pourraient bien miser.