Une étude se penche sur les écarts de retraite entre les femmes et les hommes

In Actualité de l'Union européenne, Éducation - Culture - Affaires Sociales by Occitanie Europe

Une étude du département pour les droits des citoyens et les affaires constitutionnelles du Parlement européen s’est penchée sur l’écart entre les hommes et les femmes en terme de retraites.

Cette étude a été conduite par Agnieszka Chłoń-Domińczak, professeure adjointe à la Warsaw School of Economics et spécialiste de la question des retraites, à la demande de la commission Droits de la femme et égalité des genres du Parlement européen.

Cette étude part du constat que les femmes retraitées gagnent en moyenne 38 % de moins que les hommes en Europe. Cela reflète les différences d’hier quant au marché du travail et aux systèmes des retraites. Les réformes actuelles risquent d’alimenter les écarts genrés dans l’avenir.

En effet, les femmes sont économiquement actives mais portent également de nombreuses responsabilités familiales. Elles font souvent face à des discontinuités dans leur carrière ou elles choisissent de réduire leur temps de travail. Elles accumulent donc des droits à pensions considérablement inférieurs à ceux des hommes.

L’étude menée par Agnieszka Chłoń-Domińczak s’intéresse à deux variables qui influencent potentiellement les droits des femmes à la retraite :

  • Les écarts en terme d’emploi :
    • Le nombre d’années sans travailler ;
    • Les écarts en terme de salaire ;
    • Les écarts en terme d’heure de travail.
  • Les indemnisations offertes par le système de retraites :
    • En cas d’interruption de carrière ;
    • Pour la redistribution des retraites ;
    • En terme d’indexation des retraites ;
    • Et en terme d’écart d’âge de départ à la retraite.

 

  • Le classement des pays européens

Si l’écart européen actuel entre hommes et femmes en matière de retraite s’élève à 38 % en moyenne, l’étude révèle de fortes disparités entre les pays. Il s’élève à 45 % en Allemagne, alors qu’il est de seulement 5 % en Estonie.

L’étude indique également que ces inégalités genrées risquent fortement de perdurer dans le futur, à cause des différences du marché du travail et des systèmes de retraite. La Grèce, l’Italie, l’Espagne, Malte et les Pays-Bas sont les pays où le risque d’écart de retraite entre les hommes et les femmes risque d’être le plus élevé à l’avenir.

Au contraire, il devrait être plutôt faible au Danemark, en Lituanie, en Suède, en République tchèque et en Finlande.

La France devrait se situer au niveau de la moyenne européenne. Actuellement, elle fait partie des mauvais élèves.

 

  • Les causes de cet écart

Plusieurs facteurs expliquent ces écarts entre hommes et femmes en terme de droits à la retraite.

Tout d’abord, l’écart des salaires se répercute sur le montant de la retraite.

De plus, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à travailler à temps partiel : elles accumulent donc moins d’indemnités retraite. Cette tendance est particulièrement marquée aux Pays-Bas, en Allemagne, en Autriche et en Suède.

Un troisième facteur est l’interruption de carrière. Les femmes interrompent leur carrière plus fréquemment que les hommes, notamment avec l’arrivée d’enfants. Cela impacte leur retraite. Toutefois, des systèmes de compensation existent dans certains Etats membres pour réduire les écarts en terme de montant des retraites. Le niveau de compensation dépend cependant des pays :

  • Il est élevé en Italie, au Danemark, en Allemagne et en France ;
  • Mais il est très faible au Luxembourg, en Bulgarie, en Estonie et en Lituanie.

Enfin, un autre facteur important est l’âge de départ à la retraite. Dans le passé, les femmes prenaient leur retraite bien plus tôt que les hommes : cela influence les chiffres actuels sur les montants des retraites. Désormais, l’âge de départ à la retraite est le même pour les femmes comme pour les hommes, sauf en Roumanie, en Bulgarie et en Slovénie. Ces mesures de départ à la retraite avancé pour les femmes creusent les écarts de droits à la retraite. Les femmes bulgares, roumaines et slovènes risquent donc de voir le montant de leur retraite diminuer dans le futur.

 

  • Des recommandations politiques

Sur la base de ces résultats, l’étude offre également des recommandations politiques afin de réduire les écarts de droits à la retraite, notamment :

  • Faciliter le passage de l’école au monde du travail et réduire les risques de chômage en début de carrière ;
  • Mettre en œuvre des politiques visant à réconcilier les tâches professionnelles et familiales, notamment en facilitant l’accès à des centres de soin abordables et de haute qualité ;
  • Développer des politiques soutenant le prolongement de la vie active ;
  • Promouvoir le salaire égal à travail égal et l’accès égal à l’emploi dans les différents secteurs pour les hommes et les femmes.

Les systèmes de retraite devraient également faire l’objet d’une surveillance quant à leurs effets sur les écarts des montants des retraite, et particulièrement :

  • La répartition des crédits de pension pour les interruptions de carrière dues à la garde des enfants et des autres membres de la famille ;
  • L’égalisation de l’âge de départ à la retraite pour les hommes et les femmes ;
  • Surveiller les règles d’indexation des retraites qui risquent de creuser l’écart en terme de droits à le retraite chez les femmes âgées.

 

  • Les actions au niveau européen

La Commission européenne a adopté un engagement stratégique pour l’égalité entre les femmes et les hommes pour la période 2016-2019. Une des cinq priorités de cet engagement porte sur la réduction des écarts de salaires et de retraites afin de lutter contre la pauvreté qui touche spécifiquement les femmes.


Plus d'Information:

L'étude sur les écarts de droits à la retraite entre hommes et femmes (en anglais)

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