Face à l’intensification des épisodes climatiques extrêmes dans les villes, à la trajectoire mondiale conduisant vers un réchauffement climatique supérieur à 2,5 °C, à l’effondrement accéléré de la biodiversité ainsi qu’à la pollution croissante des sols et des ressources en eau, l'action politique parait de plus en plus urgente. Paradoxalement, les tensions autour des politiques écologiques se multiplient. Entre appels à une action plus ambitieuse et rejet de mesures jugées trop contraignantes, voire liberticides, la fracture entre climatosceptiques et défenseurs de la transition écologique tend à se creuser.
Si l'union prépare son virage vers une économie bas carbone, notamment grâce à son Pacte vert pour l’Europe et son paquet législatif « Fit for 55 », cette ambition se retrouve de plus en plus contestée depuis la redistribution des sièges au Parlement européen en janvier dernier.
Trop ou pas assez ? Que nous enseigne la dernière étude du JRC sur le mécontentement vert et sa géographie?
Dans ce contexte, le JRC publie en ce mois de juin, une étude illustrant deux visages du mécontentement climatique. Elle distingue 2 formes de mécontentement vert (green discontent) :
« Nous n’en faisons pas assez » (WANE – We Are Not Doing Enough) et « Nous en faisons trop » (WDTM – We Are Doing Too Much).
C'est à partir de ces deux affirmations que l'étude illustre les tendances exprimées par les habitants des territoires et met en évidence un clivage territorial profond, opposant des régions urbaines, côtières ou directement touchées par le changement climatique (inondations, canicules), où les citoyens, sont souvent plus engagés dans l’activisme environnemental ou dans les secteurs économiques verts, à des régions industrielles ou rurales dépendantes des énergies fossiles, de l’industrie lourde ou d’une agriculture traditionnelle, où la transition verte est perçue comme une menace directe pour l’emploi et les modes de vie.
Que ce clivage se retrouve ensuite dans les comportements électoraux n'est que la suite logique de ces résultats.
Les conclusions de cette étude soulignent aussi que les facteurs économiques jouent un rôle clé : un PIB par habitant et un niveau d’éducation élevés sont associés à un soutien plus fort à l’action climatique, tandis que le chômage et la précarité renforcent l’opposition à ces mesures.
Les conclusions et préconisations de l'étude:
Pour réussir la transition tout en préservant la cohésion sociale, les auteurs de l’étude appellent à adapter les politiques climatiques aux réalités territoriales.
Parmi les leviers identifiés :
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Pour les territoires WANE : renforcer la crédibilité et la transparence des engagements climatiques, avec des résultats concrets et visibles.
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Pour les territoires WDTM : développer des programmes de transition juste, soutenir la diversification économique, et compenser les pertes pour les secteurs et travailleurs affectés.
L’intégration des perspectives régionales dans la gouvernance climatique et la promotion de processus participatifs apparaissent comme essentiels pour accroître l’acceptabilité des politiques. Répondre aux différentes formes de mécontentement vert devrait permettre d’ancrer la transition dans un cadre socialement soutenable, conciliant ambition environnementales et socio-économiques.
Plus d'Information:
Sur le site de la représentation de la France
L'étude en question: ici