Pacte européen pour les océans : une nouvelle boussole stratégique

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Adopté le 5 juin 2025 et présenté lors de la Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC3) à Nice le 9 juin, le Pacte européen pour les océans marque une étape majeure dans l’intégration des politiques maritimes de l’Union européenne. Six priorités stratégiques structurent ce Pacte, de sorte à donner un cadre robuste qui aligne les politiques industrielles, commerciales et environnementales européennes.

Des avancées pour l'Europe

La gouvernance supranationale était à l'honneur en ce début du mois de juin avec le sommet de l'UNOC à Nice, consacrant un cadre multilatéral universel, avec des engagements de tous les États membres de l’ONU et des avancée notables : l'inclusion  renforcée des communautés côtières, des États insulaires et la reconnaissance accrue du rôle des océans comme puits de carbone pour l’atténuation du changement climatique. Mais aussi à l'échelle européenne, grâce au Pacte européen pour les océans (PEO), lancée par la Commission en mars 2024, qui vise à intégrer la protection des océans dans toutes les politiques européennes : pêche, climat, commerce, recherche, sécurité, industrie navale.

L’Union en quête d'exemplarité

Cette initiative mobilise le poids réglementaire et économique de l’Union européenne, à travers son vaste marché des produits de la mer, sa zone économique exclusive (ZEE, la plus grande au monde), et ses instruments financiers (Horizon Europe, FED, LIFE…), mais également ses outils diplomatiques, permettant à l’UE de parler d’une seule voix avec un poids accru dans les enceintes multilatérales telles que l’ONU, le G7, le G20 ou encore l’OMC.

Avec ce Pacte, l’UE se positionne comme l’un des seuls grands blocs à avoir intégré la protection des océans dans l’ensemble de ses politiques sectorielles. Souvent en avance sur les normes environnementales marines — qu’il s’agisse des zones Natura 2000, de l’interdiction de techniques de pêche destructrices ou de la stratégie « pollution zéro » — elle entend jouer un rôle moteur dans les négociations internationales, notamment sur l’accord BBNJ, la lutte contre la pêche INN (illégale, non déclarée et non réglementée), ou encore via la surveillance satellitaire.

L'enjeu de la ratification du traité sur les océans (BBNJ)

La ratification du Traité international sur la haute mer par l’Union européenne, peu avant la Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC), constitue une étape importante. Le traité BBNJ (Biodiversity Beyond National Jurisdiction), adopté en 2023 sous l’égide des Nations Unies, attend encore l’entrée en vigueur, conditionnée à la ratification par 60 États. Avec les 28 ratifications européennes déjà enregistrées, ce seuil se rapproche. Le 9 juin, à Nice, Emmanuel Macron s’est montré optimiste en affirmant que les 60 ratifications pourraient être atteintes d’ici le début de l’année 2026. En soutenant activement son entrée en vigueur, l’Union renforce la cohérence de ses engagements en faveur de la protection de la biodiversité marine au-delà de ses frontières. Ce traité permet aussi à l’UE de concrétiser l’objectif de préserver 30 % des océans d’ici 2030 réaffirmé dans son Pacte.

Des critiques se font cependant déjà entendre, pointant notamment le manque de nouvelles mesures véritablement contraignantes dans le Pacte européen. Par ailleurs, au regard des récentes entorses au Pacte vert européen — comme la suspension de la directive sur les allégations environnementales (Green Claims Directive) ou l’affaiblissement de la Directive sur le devoir de vigilance des entreprises (CSDDD) — le risque que l’UE soit perçue comme une puissance « donneuse de leçons » sans réelle capacité à respecter ses propres engagements demeure une inquiétude légitime.


Plus d'informations :

Notre note sur le Pacte

L'article de la Représentation permanente de la France auprès de l'UE

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