Les 16 et 17 février derniers s’est tenu à Toulouse le colloque européen sur le programme Copernicus, l'un des programmes phares de l'Union européenne en matière spatiale. L’Occitanie, forte d’un écosystème spatial particulièrement développé, a été mise en avant durant ce sommet notamment autour de l'exploitation des données spatiales dans le réaménagement portuaire de Port-la-Nouvelle.
Politiques, chercheurs, ministres, chefs d’entreprises et de start-up et même astronautes et Président de la République française, ils étaient tous réunis à Toulouse, qui, comme le Président MACRON l’a rappelé, « héberge le cœur de l’aventure spatiale de l’Europe ». Une aventure dans laquelle, à différentes échelles, l’écosystème spatial toulousain et occitan est porteur. Volontarisme politique qui se développe, entreprises d’importance, New Space, laboratoires de recherche, écoles et universités et même musées et lieux de découverte comme la Cité de l’Espace, le choix de Toulouse comme lieu de prédilection pour ce colloque ne faisait aucun doute pour la Présidence française du Conseil de l’UE. Lors de celui-ci, l’Occitanie, membre du Réseau des Régions Européennes Utilisatrices des Technologies Spatiales NEREUS, a été mise à l’honneur dans une table-ronde sur les solutions offertes par Copernicus pour le déploiement des politiques menées par les collectivités.
Développer l’utilisation de Copernicus
Premier fournisseur d’images satellites au monde, Copernicus et la quinzaine de satellites Sentinel dont disposera le programme d’ici la fin de la décennie 2020 dispose d’un budget de près de 5,8 milliards d’euros sur les 16 milliards d’euros alloués au programme spatial européen sur la période 2021-2027. Trop peu lisibles, trop peu exploitées, les données de Copernicus, nombreuses et aux applications multiples demeurent sous-exploitées. Ce fut d’ailleurs l’un des fils conducteurs de ce colloque européen, rendre exploitable les données ouvertes de Copernicus afin d’en retirer l’ensemble des applications pratiques décisives notamment dans la lutte contre le changement climatique et la prévention des catastrophes.
Cependant, les applications du programme Copernicus s’étendent encore à d’autres domaines : dans l’agriculture, le transport maritime, le numérique, la recherche ou encore l’aménagement du territoire et l’urbanisme. Les possibilités offertes par le programme sont multiples et la constitution de jumeaux numériques de la Terre d’ici à l’horizon 2035 devrait encore accroître la force de Copernicus.
Certaines régions comme la Région Occitanie utilisent déjà les applications très concrètes offertes par Copernicus. C’est ce que Thierry COTELLE, Président de NEREUS et conseiller régional a tenu à rappeler. Il a souligné que les régions les plus actives et connues dans le spatial ne sont pas nécessairement celles qui en utilisent le plus les applications pratiques. Il a également longuement insisté sur les applications très précises offertes par Copernicus pour les collectivités territoriales et locales.
Revenant sur les avantages concurrentiels qu’offre Copernicus, Thierry COTELLE a aussi tenu à mettre en avant plusieurs limites qu’il a identifié à l’utilisation plus large de Copernicus : la difficulté à exploiter les données, le manque de volonté politique notamment au niveau européen et la complexité d’accès pour les citoyens et les marchés publics. Il a terminé son intervention en indiquant que le réseau NEREUS au travers du projet Copernicus4Regions œuvrait pour développer l’utilisation de Copernicus dans les régions européennes étant là l’une des missions centrales que le réseau se donnait !
L’exemple de Port-la-Nouvelle
L’Occitanie déploie déjà les applications pratiques des données de Copernicus. Un exemple : le réaménagement du port de Port-la-Nouvelle, dans l’Aude. Benjamin GRENTE, chargé d’opération environnement côtier dans le cadre de projet d’extension du port de Port-la-Nouvelle a exposé ce projet phare de la Région aux participants et détaillé les avantages de Copernicus dans la mise en place du projet.
Chantier pharaonique qui doit durer jusqu’en 2026 et qui verra d’ici à 2023, l’inauguration de la zone industrielle dédiée à l’assemblage des éoliennes offshores flottantes, Port-la-Nouvelle est au cœur du Green New Deal régional qui partage l’ambition européenne d’une neutralité carbone d’ici à 2050.
Copernicus a été et reste d’une aide précieuse dans le projet de réaménagement. Benjamin GRENTE et Yves SOUFFLET ont exposé que les mesures de suivi du trait de côte grâce aux données de Sentinel 2 avait permis d’observer et anticiper la dynamique sédimentaire dans le port permettant une adaptation régulière du chantier et une meilleure définition du trait de côte et du lieu exact d’extension du port. Ainsi, pour reprendre les mots d’Yves SOUFFLET, même dans un contexte compliqué de chantier, les données de Copernicus sont précieuses et sources d’avantages non négligeables.
Programme phare de l’Union européenne, Copernicus offre des débouchés nombreux et des avantages concurrentiels certains aux régions qui utilisent ses données. Cela requiert certes des savoir-faire, mais ces derniers sont aussi les garants d’une transition écologique et numérique réussie. La Région, s'approprie déjà les données offertes par Copernicus et elle peut encore aller plus loin comme l’a rappelé Thierry Cotelle, l’exemple de Port-la-Nouvelle joue en faveur de ce choix d’avenir !