Le 15 septembre 2021, la Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a présenté devant le Parlement européen sa vision sur le futur de l’Union européenne à travers discours annuel sur l'état de l'Union. Comme chaque année depuis 2010, ce discours permet de faire le point sur les travaux de la Commission, de faire un état des lieux de l'année passée dans l'Union et de mettre en lumière les priorités à venir. Cette année le discours a été marqué par la stratégie liée à la pandémie de la Covid-19 mais aussi par de nombreux autres enjeux pour la décennie à venir comme ceux portant sur le numérique, le climat ou les questions sociales.
Une Europe forte face à la pandémie
Dans son discours, la Présidente von der Leyen a rappelé l'importance de la vaccination au niveau européen et mondial. Bien qu'elle se soit réjouit que 70% de la population adulte européenne ait au moins reçu une première dose de vaccin, l'avancé de la vaccination dans les pays pauvres inquiète les décideurs européens. Ursula von der Leyen a annoncé que l'UE fournira 200 millions de doses supplémentaires à travers le mécanisme international COVAX à ces pays d'ici l'été 2022, en plus des 250 millions déjà promises.
De plus, la Commission a présenté la nouvelle stratégie européenne afin de mieux se préparer face aux pandémies grâce notamment à la nouvelle Agence européenne de préparation et d'intervention en cas d'urgence sanitaire (HERA), normalement effective pour début 2022. Doté d'un budget de six milliards d'euros, elle aura pour but de renforcer la capacité de l’Union européenne à prévenir, détecter et contrer rapidement les prochaines crises sanitaires, grâce à une meilleure coordination entre les Etats membres et l'industrie pharmaceutique. En outre, l'UE prévoit de consacrer 50 milliards d'euros d'ici 2027 pour éviter une nouvelle pandémie.
Entre souveraineté technologique et enjeux économiques
Les enjeux du numérique et la pénurie des semi-conducteurs ont également été soulevés lors du discours. La crise de la Covid-19 a montré la dépendance industrielle et technologique de l'UE face aux partenaires asiatiques et américains dans la production de microprocesseurs. Ces produits principalement fabriqués en Asie sont des pièces indispensables pour faire fonctionner de nombreux objets électroniques comme les téléphones, les ordinateurs, GPS et autres. Alors, afin de (re)trouver une certaine souveraineté technologique, Ursula von der Leyen a annoncé une nouvelle loi européenne sur les semi-conducteurs, qui sera présenté prochainement afin de permettre à l'UE de produire 20% de la production mondiale de ces composants d'ici 2030.
Toutefois, l'UE ne cherche pas à s'isoler mais à renforcer les liens avec le reste du monde puisque la Présidente de la Commission a annoncé le lancement de la stratégie Global Gateway, un plan d'investissement international pour les transports et les infrastructures. Cette initiative, en réponse à la Nouvelle route de la soie chinoise (Belt Road Initiative), doit permettre de renforcer les échanges économiques mais aussi de diffuser les normes et valeurs européennes avec ses partenaires.
Une Europe sociale, pour le respect des droits et pour la jeunesse
Toute d'abord, le discours a été l'occasion de s'attarder sur les questions sociales en rappelant l'importance du Socle européen des droits sociaux. Celui-ci énonce de nombreux objectifs tels qu'assurer des emplois décents, des conditions de travail justes, des soins de santé meilleurs et un bon équilibre de vie. La Présidente s'est également adressée à la jeunesse européenne en dévoilant le nouveau programme ALMA. Similaire à Erasmus+, celui ci permettra aux jeunes sans formation et sans emploi de pratiquer une expérience professionnelle temporaire à l'étranger.
Les questions sociales ont aussi été mises en parallèle des objectifs climatiques, en rappelant l'importance d'une transition écologique juste. Ainsi, un nouveau fond social pour le climat a été annoncé afin de lutter contre la précarité énergétique qui touche déjà 34 millions d'européens.
Aussi, la défense des valeurs européennes a été rappelée par Ursula von der Leyen. En effet, à partir de 2022, des rapports annuels sur l'état de droit dans l'UE seront instaurés et des recommandations concrètes seront adressées aux Etats membres. De plus, elle a également proposé d'interdire les produits faisant appel au travail forcé, en référence aux abus commis dans la région chinoise du Xinjiang sur les communautés Ouïghours. Enfin, en rappelant que les confinements successifs ont entraîné une augmentation des violences faites aux femmes, la présidente a promis la présentation d'un projet législatif pour lutter contre ces violences d'ici la fin de l'année 2021.
Restructuration des politiques migratoires et de défense
Dans un contexte de crise en Afghanistan et de potentiels futurs crises migratoires, la présidente von der Leyen a annoncé un nouveau pacte européen sur la Migration et l'Asile afin de lutter contre le trafic d'êtres humains et les migrations irrégulières, de garantir la sécurité des migrants et de mieux coordonner les actions des Etats membres. Enfin, une nouvelle politique de cyberdéfense européenne devrait voir le jour tandis qu'un sommet européen de la défense sera organisé au premier semestre 2022 à Toulouse dans le cadre de la présidence française du Conseil de l'Union européenne.
Plus d'Information:
Discours de Mme Ursula von der Leyen sur l'Etat de l'Union 2021.