Les négociations de l’accord UE-Mercosur ont repris

In Action Extérieure, Actualité de l'Union européenne, Agriculture - Développement Rural, Commerce, Énergie - Environnement - Climat by Occitanie Europe

5 ans après la signature d'un accord d’association commercial et politique – qui n’est toujours pas ratifié - entre l’Union européenne et le Mercosur, les négociateurs de l’UE sont à Brasilia pour tenter de conclure les négociations sur l’accord de commerce avec leurs homologues latino-américains.

 

Un accord en discussion depuis 2019

L’Union européenne et le Mercosur (alliance de 4 pays d’Amérique du Sud regroupant l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay) ont signé en juin 2019 un accord d’association commercial et politique visant à créer une zone de libre-échange. Cependant, l’accord n’a toujours pas été ratifié.

Ce partenariat a un double objectif :

  • Faciliter l’accès mutuel aux marchés pour les biens et les services ;
  • Promouvoir une réduction significative des droits de douanes, favorisant les exportations de produits agricoles et industriels.

Cet accord suscite des controverses, notamment concernant l’impact sur l’agriculture européenne et les enjeux environnementaux. Plusieurs pays dont la France ont montré des réticences face à cet accord et le Parlement européen a voté en octobre 2020 un amendement affirmant que le texte ne pouvait pas « être ratifié tel quel ».

Malgré ces difficultés, les négociations continuent. Les négociateurs de l’UE étaient ainsi à Brasilia le 5 septembre pour tenter de conclure ces négociations avec leurs homologues. Selon les propos rapportés par l’Agence Europe, plusieurs acteurs se sont dit confiants, notamment Pedro Miguel da Costa e Silva, l’ambassadeur brésilien auprès de l’UE, et Bernd Lange (SPD, Allemagne), président de la commission du commerce international du Parlement européen.

 

L’opposition du secteur agricole européen

L’opposition au volet agricole de l’accord UE-Mercosur repose sur la crainte d’une concurrence déloyale pour les agriculteurs européens. L’accord permettrait l’importation à grande échelle de produits agricoles comme la viande bovine, le soja et le sucre, à des prix bien plus compétitifs. Les agriculteurs européens s’inquiètent de l’impact sur leurs revenus, soulignant que les normes de production en Amérique du Sud sont souvent moins strictes.

Cette interrogation est partagée par des députés européens comme Céline Imart (PPE, France) et Saskia Bricmont (Verts/ALE, Belgique). Mme Bricmont considère notamment que l’« on ne peut, d’un côté, promettre des revenus décents aux agriculteurs, et de l’autre négocier des accords de commerce comme celui avec les pays du Mercosur qui les amènent à vendre à perte ».

Le 4 septembre, un rapport d’experts sur l’avenir de la Politique agricole commune (PAC) « appelait l’UE à prendre davantage en compte les particularités du secteur agricole quand elle [négociait] des accords de libre-échange ».

 

La question environnementale 

L’aspect environnemental de l’accord suscite également de vives critiques. Les opposants dénoncent les conséquences écologiques de l’intensification de la production agricole dans les pays du Mercosur et en particulier au Brésil. L’inquiétude majeure porte sur la déforestation de l’Amazonie. Cette destruction des forêts tropicales aurait un impact significatif sur le climat mondial et la biodiversité. De plus, certaines pratiques agricoles, comme l’utilisation intensives de pesticides interdits dans l’UE, sont jugés incompatibles avec les engagements européens en matière de protection de l’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique. L’ONG Friends of the Earth Europe s’inquiète également des possibles violences à l’égard des peuples indigènes.

Bernd Lange estime de son côté qu’une coopération accrue peut permettre une pleine mise en œuvre des objectifs de l’accord de Paris sur le climat et que les bénéfices de l’accord sont à mettre en balance avec les effets sur le secteur agricole européen (Agence Europe). Cet avis n’est pas partagé par Stefan Ambec qui publiait en 2020 un rapport sur les effets potentiels de l’accord en soulignant que les gains économiques attendus de l’accord ne pouvaient pas compenser les coûts environnementaux.


Plus d'Information:

Article de l'Agence Europe

 

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