La Commission européenne a publié, le 10 décembre dernier, son Rapport sur les perspectives agricoles de l’Union européenne pour 2019-2030. Ce rapport contient de nombreuses données sur les marchés agricoles européens et mondiaux ainsi que la description de plusieurs scénarii envisagés pour la prochaine décennie.
On y apprend par exemple que les principaux facteurs déterminant le choix des consommateurs européens sont la santé, le bien-être animal, le changement climatique et les considérations environnementales, ainsi que le prix et le caractère pratique de l’achat. Ces facteurs créeront de plus grandes opportunités encore pour le développement de systèmes de productions alternatifs dans les années à venir. Il existe cependant une contradiction sur le marché européen puisque les consommateurs sont également friands de plats préparés, de snacks et de nourritures sur le pouce, des produits qui ne sont pas forcément en adéquation avec les considérations mentionnées plus haut.
L’indépendance alimentaire deviendra plus importante dans certaines parties du globe, ce qui impactera les dynamiques d’échanges commerciaux et de production. La Commission européenne s’attend en effet à ce que la production de blé en Europe augmente pour répondre à une demande croissante. La surface couverte par les terres agricoles sur le territoire européen devrait par contre diminuer pour atteindre 178,3 millions d’hectares en 2030, même si les cultures protéagineuses devraient, elles, voir leur surface augmenter de 46 %.
Dans un premier scénario, la Commission s’interroge sur l’impact d’un changement de régime alimentaire des Européens vers une alimentation plus végétale. Cette dynamique, si elle se confirme, devrait faire baisser les prix sur les marchés de la viande et des produits laitiers et conduire à une augmentation de la production européenne de soja de 5 % d’ici 2030. Ce changement devrait également permettre de réduire de 6 % les émissions de carbone du secteur agricole.
Un deuxième scénario analyse l’impact qu’aurait une production européenne de lait basée à 100 % sur des animaux nourris sans OGM. Dans ce scénario, la Commission estime que les importations de soja diminueraient alors que la production de fourrage en Europe augmenterait. Cela aurait également une incidence sur la production de lait et de viandes de bœuf et de veau puisqu'elles baisseraient respectivement de 0,5% et 1,3%.
Pour la première fois, le rapport sur les perspectives agricoles de l’Union européenne inclue des projections sur l’environnement et le climat. La baisse prévue du nombre de vaches laitières en Europe permettrait de réduire également la quantité d’émissions de gaz à effet de serre (GES). D’un autre côté, l’augmentation des récoltes et de leur productivité devrait faire croître les émissions de protoxyde d’azote (N20), notamment dû à l’utilisation de limier. Il faut noter cependant que ces projections ne tiennent pas compte des changements en cours et futures des pratiques agricoles. Dans ce contexte, les émissions de GES du secteur agricole européen devraient rester constantes d’ici 2030.
Retrouver également des projections (en anglais) pour :