La question de l'impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes filles a été au cœur des débats à Bruxelles le 28 janvier dernier, lors d'une audition organisée par la commission des droits de la femme et de l’égalité de genre du Parlement européen. Cette rencontre a rassemblé eurodéputés et experts pour discuter des conséquences des plateformes numériques sur les jeunes filles et jeunes femmes ainsi que des solutions possibles pour contrer les pressions grandissantes exercées par ces technologies.
Des enjeux majeurs pour la santé mentale des jeunes filles
Joanne Sweeney, PDG de l'agence de marketing numérique Digital Training Institute Ireland, a tiré la sonnette d'alarme, soulignant que les médias sociaux sont devenus un véritable miroir de comparaison pour les jeunes générations. « Des jeunes de 10 à 12 ans évoluent dans un environnement anxiogène », a-t-elle déploré, mettant en lumière la quête incessante de validation à travers les réseaux sociaux. Selon l'experte, 96% des jeunes de l'Union européenne utilisent Internet quotidiennement, ce qui en fait leur première source d'information, mais aussi un terrain fertile pour les insécurités personnelles.
L'impact négatif de ces plateformes sur l'image corporelle et l'estime de soi des jeunes filles est également corroboré par Tammy Darcy, fondatrice du Shona Project, une organisation irlandaise œuvrant pour l'éducation et l’autonomisation des filles. D’après ses recherches, 70% des jeunes filles estiment que les réseaux sociaux ont un effet délétère sur leur santé mentale, exacerbé par les normes irréalistes de beauté mises en avant sur ces plateformes.
Normes de beauté irréalistes et pression sociale accrue
Martyna Kaczmarek, militante pour l’acceptation de soi et créatrice de contenus, a évoqué les effets destructeurs des images retouchées, malgré les avertissements sur leur manipulation. « Les jeunes filles continuent de se comparer à des modèles de beauté irréalistes », a-t-elle précisé. Face à ce phénomène, plusieurs eurodéputés ont fait part de leurs préoccupations et de leurs propositions pour inverser cette tendance.
Eleonora Meletti, eurodéputée grecque du PPE, a insisté sur l’importance de l’éducation dans le soutien à la santé mentale des jeunes filles, soulignant la nécessité d’une structure éducative solide pour leur bien-être. Marko Vešligaj, eurodéputé croate du S&D, a quant à lui critiqué les grandes plateformes et leurs propriétaires pour leur gestion des contenus, appelant à des actions concrètes pour garantir la sécurité des jeunes filles face au harcèlement en ligne.
L'eurodéputée Emma Rafowicz (Verts/ALE, France) a ajouté que l’impact des filtres et des contenus hypersexualisés sur les jeunes filles était dévastateur. Elle a également insisté sur la responsabilité collective de mener des enquêtes sur les plateformes comme TikTok, Meta et X, et a souligné que la situation des 14 millions de jeunes Européens souffrant de troubles psychiques nécessitait une prise de conscience urgente.
Tous les intervenants ont convergé vers la même conclusion : il est impératif que les politiques, les éducateurs, les parents, les entreprises technologiques et la société civile collaborent pour créer un environnement numérique plus sain et sécuritaire pour les jeunes filles.
Une approche holistique pour l’égalité de genre
En parallèle de cette audition, Carlien Scheele, directrice de l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE), a présenté les priorités de l'agence pour l’année 2025. Parmi les initiatives phares, l’EIGE s’engage à mener de nouvelles enquêtes sur la répartition des responsabilités de soins entre hommes et femmes, à renforcer l'indice d'égalité de genre et à accompagner la mise en œuvre de la directive européenne sur la lutte contre les violences faites aux femmes.
La lutte contre la violence fondée sur le genre reste également une priorité. Alors qu'une femme sur trois est victime de violences dans l'UE, l’EIGE a annoncé la publication de recherches approfondies, en partenariat avec Eurostat et l’Agence des droits fondamentaux, pour mieux comprendre et agir face à ce phénomène. EIGE avait par ailleurs organisé une session autour des cyberviolences subies par les femmes lors de son forum annuel.