Les 28 et 29 juin avaient lieu le Conseil européen, réunion des chefs d'Etats et de gouvernement, marquant la fin de la présidence bulgare du Conseil de l'UE. Cette réunion a notamment été l'occasion de discussions intenses et longues sur la question épineuse de la migration. En effet, plusieurs affaires récentes (comme l'Aquarius ou le Lifeline) ont fait les gros titres ces dernières semaines, et ont notamment pointé du doigt l'incapacité de l'Europe à fournir une réponse coordonnée et solidaire face à ces enjeux.
Ce sujet avait donc été porté comme l'enjeu crucial du sommet de juin - l'Italie bloquant toutes les autres conclusions notamment sur la défense et la sécurité si un accord sur la migration n'était pas obtenu en amont. Après de longues négociations, qui se sont déroulées une bonne partie de la nuit du jeudi 28 juin, un accord final a été trouvé vers 4h30 du matin, pour mieux protéger les frontières et renforcer les règles d'accueil sur le sol européen.
Les termes de l'accord
- La création de centres d'accueil : les 28 Etats membres se sont mis d'accord sur la création d'un système "volontaire" de centres d'accueil "contrôlés" en Europe, pour gérer les futurs bateaux arrivant de Libye. Dans ces centres seraient faite la distinction entre les demandeurs d'asile légitimes, qui seraient répartis dans l'UE de façon volontaire et solidaire; et les migrants irréguliers, qui seraient renvoyés. Cependant, l'ouverture de ces centres se faisant sur la base du volontariat des Etats membres, plusieurs d'entre eux dont l'Autriche, l'Italie, et la France, ont d'ores et déjà exclu d'en accueillir ;
- Les plateformes de débarquement : l'accord du conseil invite aussi l'Union européenne à examiner la perspective de plateformes de débarquement situées en dehors du territoire européen, en coopération notamment avec le Haut Commissariat pour les Réfugiés de l'ONU. Cependant, l'Organisation Internationale des Migrations a estimé que la solution devait être européenne, donc située en Europe. De plus, certains pays visés par l'accueil de tels centres, situés en Afrique du Nord, ont également refusé cette possibilité ;
- Le renforcement des aides : le Conseil européen s'est accordé sur 500 millions d'aides supplémentaires pour le fonds fiduciaire d'urgence pour l'Afrique, afin d'éviter des flux migratoires du niveau de 2015 et coopérer avec les pays tiers pour la protection des frontières européennes ;
- Les mouvements secondaires : l'accord conclu appelle les Etats membres à éviter les "mouvements secondaires", c'est à dire les mouvements de migrants entre les pays européens. Cette disposition inquiétait surtout Angela Merkel, car les migrants souhaitent souvent rejoindre l'Allemagne.
Enfin, les 28 Etats membres vont continuer à travailler sur une réforme du règlement de Dublin, qui pose la condition du pays d'arrivée comme pays où la demande d'asile doit être déposée, ce qui provoque la surcharge des pays Méditerranéens. Selon l'accord, « un consensus doit être trouvé au sujet du règlement de Dublin afin de le réformer sur la base d’un équilibre entre responsabilité et solidarité, prenant en compte les personnes débarquées à la suite d’opérations de recherche et de sauvetage ».