Le jeudi 18 mars 2021, Maria Daniella MAROUDA, la présidente de la Commission contre le racisme du Conseil de l’Europe (ECRI), a publié son rapport annuel. D’après elle, la pandémie est, après la Seconde guerre mondiale, la crise ayant eu l'impact négatif le plus fort sur les groupes marginalisés.
Le rapport constate en effet que les minorités ont été particulièrement touchées par la crise. C’est le cas des Roms notamment, qui ont pour beaucoup été confinés dans des petits espaces avec des accès limités aux services publics et à l’enseignement pour les enfants. Les migrants et demandeurs d’asile font également partie des groupes les plus impactés : souvent, bien qu’étant particulièrement exposés à la contamination à la Covid-19 du fait de conditions de vie précaires, ils n’ont pas pu bénéficier de soins de santé pour défaut de numéro de sécurité sociale. Les LGBTI ont également été touchés, souvent du fait du rejet et de la violence des familles LGBTI-phobes pendant le confinement.
Au-delà de la pandémie, le rapport évoque plusieurs tendances ayant marqué l’année :
- le mouvement Black Lives Matter, qui « montre à quel point le profilage racial et les violences policières à caractère raciste continu[ent] à viser les groupes vulnérables, renforçant les inquiétudes face à ce qui est qualifié de racisme institutionnel » ;
- les attentats terroristes entrainant une montée du racisme antimusulman ;
- la recrudescence de mouvements néonazis ou islamistes antisémites ;
- la poussée d’une rhétorique homophobe et transphobe dans le débat public, qui s’illustre dans la multiplication des législations anti-LGBTI dans certains pays de l’Union ;
- le recours croissant à l’intelligence artificielle, « potentiellement discriminante pour les populations qui n’y ont pas accès et comporte des risques en matière de collecte de données personnelles ».
Le lendemain, la Commission européenne a tenu un sommet européen contre le racisme, tel que prévu par son plan d’action présenté en septembre dernier. L’événement a été organisé sous l’égide de la Présidence portugaise du Conseil de l’UE et de l’intergroupe « Antiracisme et diversité » (ARDI) du Parlement européen, et a regroupé des représentants d’institutions de l’UE, de gouvernements nationaux, de la société civile, d’organismes de promotion de l’égalité et d’organisations de terrain. Les discussions ont porté sur la mise en œuvre du plan d’action et les meilleurs moyens de lutter contre le racisme en Europe.
La vice-présidente de la Commission européenne chargée des valeurs et de la transparence, Vera JOUROVÁ, la commissaire à l’égalité Helena DALLI et la présidente de la Commission Ursula VON DER LEYEN se sont exprimées à cette occasion. Cette dernière a déclaré : « Il n’y a pas de place pour la discrimination en Europe, qu’elle soit fondée sur la race, l’origine ethnique ou la religion. » Or la Commission européenne a, le même jour, publié un rapport sur l’application des directives sur l’égalité raciale et l’égalité en matière d’emploi, qui démontre que malgré les bonnes pratiques en place, les progrès sont lents et souvent insuffisants. Des efforts sont donc encore nécessaires.
Helena DALLI, quant à elle, a affirmé : « Le racisme structurel existe toujours. Nous devons commencer par nous-mêmes et apporter les changements nécessaires. » En effet, la Commission elle-même n’est pas nécessairement exemplaire en matière de diversité ethnique : dans ce cadre, elle a lancé une enquête interne sur l’inclusion et la diversité au travail. Des mesures sont prévues afin de favoriser un « environnement de travail plus inclusif pour tous les membres du personnel de la Commission, et des actions de communication et de sensibilisation pour attirer des candidats plus divers ».
Plus d'Information:
- Consultez le rapport annuel de l’ECRI ici
- Consultez le plan d’action contre le racisme de la Commission européenne ici
- Consultez le rapport de la Commission européenne sur l’application des directives sur l’égalité raciale et l’égalité en matière d’emploi ici