Vendredi 10 avril, la France a rejoint la liste croissante de capitales européennes appelant à ce que le Green Deal soit « au cœur d'une reprise résiliente post-COVID-19 ».
Alors que la pandémie de COVID-19 frappant actuellement l'Europe a considérablement ralenti les discussions sur le Green Deal de l’UE (consultez notre article sur le sujet ici), 10 ministres de l'environnement de l'UE ont rédigé conjointement un article d'opinion dans lequel ils appellent à ce que le Green Deal européen soit placé au cœur du plan de relance post-pandémique de l’UE.
Cette prise de position franche et plus ambitieuse d’un petit nombre d’États volontaires fait suite à la demande des dirigeants européens d’un « plan de relance complet » intégrant les transitions verte et numérique formulée lors du sommet du 26 mars à l'encontre de la Commission européenne.
Le lendemain de la mise en ligne de cette position, la ministre française de l’environnement Elisabeth Borne et son homologue allemande ont toutes deux ajouté leur nom à la liste des signataires (Autriche, Danemark, Finlande, Italie, Lettonie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Espagne et Suède). La Grèce vient également d'y adhérer et donc de porter le nombre total de signataires à 13.
Voici quelques extraits de ce document :
« Le Green Deal nous fournit une feuille de route pour faire les bons choix en réponse à la crise économique tout en transformant l'Europe en une économie durable et neutre sur le plan climatique »
« Nous devons résister aux tentations des solutions à court terme en réponse à la crise actuelle qui risquent d'enfermer l'UE dans une économie de combustibles fossiles pour les décennies à venir »
Miser sur les financements durables
« Nous devons augmenter les investissements, notamment dans les domaines de la mobilité durable, des énergies renouvelables, de la rénovation des bâtiments, de la recherche et de l'innovation, de la récupération de la biodiversité et de l'économie circulaire »
Sur ce point, le vice-président exécutif de l'UE en charge de l’économie Vladis Dombrovskis a déjà annoncé que le financement vert sera un "point clé" de la phase de relance post-virus.
La Commission européenne travaille actuellement sur une "stratégie renouvelée de financement durable" qui devrait dédier un paquet d’un milliard d’euros à la finance verte d’ici 2030.
Les parties prenantes sont d’ailleurs invitées à donner leur avis sur ce projet grâce à deux consultations publiques en ligne (voir en bas de page).
Un projet de relance verte soutenu au Parlement européen
Au Parlement européen, une alliance informelle pour une « relance verte » a été lancée mardi 14 avril suite à cet appel des ministres de l'environnement de l’UE.
A l'initiative de Pascal Canfin, député Renew français qui préside la Commission parlementaire de l'environnement et de la santé publique, cette alliance rassemble déjà 79 députés européens de tous les horizons politiques dont les Occitans Éric Andrieu (PS) et Irène Tolleret (En Marche).
Elle compte également parmi ses signataires des groupes de la société civile, dont 37 PDG (H&M, Unilever, Danone etc.), 28 associations d'entreprises, la confédération européenne des syndicats, 7 ONG et 6 groupes de réflexion. Tous se sont engagés à soutenir les "plans de transformation de la relance" post-pandémique qui placent la lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité au centre de la politique économique européenne.
Du côté des chefs d'État et de gouvernement de l’UE, ces derniers doivent se réunir par vidéoconférence le 23 avril pour discuter de la prochaine étape de la phase de reprise qui, selon le ministre français de l’économie Bruno Le Maire, prendra la forme d’un fonds de relance d'environ 500 milliards d'euros supplémentaires financé par des emprunts.
Compte-tenues des résistances formulées par certains États-membres, nul ne sait toutefois si de quelconques critères environnementaux seront assortis à ces emprunts.
Pour plus d’informations
Consultation sur le financement durable- normes minimales pour les repères climatiques, jusqu'au 6 mai 2020.
Consultation sur l’initiative pour la révision et la prorogation du règlement sur l’itinérance, jusqu’au 7 mai 2020.