La Commission européenne a estimé que la Croatie remplissait les cinq critères indispensables, nécessaires à son adhésion dans la zone euro validant de facto l'adhésion de la Croatie à l'espace monétaire commun. Le "pays aux milles îles" deviendra le vingtième membre de la zone euro, le 1er janvier 2023.
L'UE célèbre cette année les 20 ans de la mise en circulation de sa monnaie commune : l'euro. Adoptée par 19 Etats de l'Union européenne, c'est la Croatie, dernière entrée dans la famille européenne, qui deviendra le 20ème membre de la zone euro, au 1er janvier 2023. Entrée au sein du Mécanisme de taux de change européen (MCE II) en juillet 2020, la monnaie croate - la kuna - est désormais prête à laisser sa place à l'euro. Le dernier rapport de convergence de la Commission européenne estime que tous les voyants sont au vert pour rendre effectif ce basculement.
Les critères de convergence respectés
C'était un objectif prioritaire du gouvernement croate, acter l'entrée du pays dans la zone euro. La Croatie s'est en effet attelée, depuis plusieurs années, à faire respecter à sa monnaie les critères de convergence fixés par les traités européens. La Croatie a réussi à limiter son taux moyen d'inflation sur un an à 4,7 %, sous le taux européen de référence, calculé à partir de la moyenne des taux d'inflation des trois pays de la zone euro avec l'inflation la plus basse (France, Finlande, Grèce) et qui s'établit à 4,9 %. Le pays ne fait pas non plus l'objet d'une procédure de suivi pour "déficit excessif" et son taux moyen d'intérêt à long-terme sur un an est inférieur au taux de référence européen calculé dans le cadre de la participation croate au Mécanisme du taux de change européen.
Enfin, la Croatie a adapté la législation relative à sa banque centrale à celle de l'Union européenne. Zagreb est donc prêt à intégrer le Système européen des banques centrales et à intégrer les normes de gouvernance et de fonctionnement de la Banque centrale européenne. Les autorités croates ont d'ores et déjà pu commencer à travailler sur la procédure de production "d'euros croates" afin que ceux-ci soient prêts pour une mise en circulation au 1er janvier 2023.
Des avantages économiques importants mais des peurs qui demeurent
L'adhésion à l'euro devrait donner un boost à l'économie croate, essentiellement basée sur les services. La fin du change pour les touristes pourrait donner un coup d'accélérateur aux services de l'économie croate tournés vers le tourisme ou le commerce extérieur. Déjà en grande partie intégrée à l'union bancaire, la Croatie devrait également bénéficier d'une baisse des coûts de financement et de transaction, d'une augmentation des flux de capitaux, de la fin des risques de change dans le système bancaire et d'une plus grande transparence et stabilité en ce qui concerne l'évolution et le niveau des prix.
Cependant, l'entrée de la Croatie dans la zone euro se fait à un moment historique particulièrement difficile et complexe. Les économies européennes sont encore fragilisées par la pandémie et se sont fortement endettées, s'engageant pour la première fois dans un emprunt bancaire commun. S'ajoute à ce contexte déjà compliqué, l'invasion russe de l'Ukraine et l'explosion des les prix de l'énergie et des denrées alimentaires que ce conflit induit. La situation politique dans les Balkans reste aussi particulièrement instable en raison de la montée du séparatisme et du nationalisme en république serbe de Bosnie et de la menace que fait peser l'invasion russe sur le difficile accord de paix trouvé en ex-Yougoslavie. La Commission européenne se déclare cependant nullement inquiète sur les capacités d'intégration de la Croatie à la zone euro.
L'Eurogroupe doit donner son accord jeudi 16 juin à Luxembourg à l'entrée de la Croatie en son sein, avant une validation en Conseil européen à la fin du mois, puis du Conseil Ecofin le mardi 12 juillet. La Croatie n'aura ensuite plus qu'à se préparer pour son entrée dans le club le plus resserré de l'Union européenne. A l'exception du Danemark, tous les pays de l'UE ont vocation à adopter l'euro et se montrent plus ou moins volontaristes pour y entrer rapidement. Après la Croatie, la Bulgarie pourrait bien devenir le prochain Etat membre de la zone euro. Néanmoins l'inflation élevée dans le pays et le non-alignement de sa législation sur celle régissant la Banque centrale européenne et le système européen des banques centrales rend pour l'instant impossible toute adhésion.
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