Des « vols fantômes » mettent l’UE sous pression

In Actualité de l'Union européenne, Transport by Occitanie Europe

Malgré une reprise progressive du nombre de passagers dans l'aviation, certaines compagnies aériennes affirment devoir toujours effectuer des vols à vide pour conserver leurs créneaux de décollage dans les aéroports en vertu de la réglementation européenne.

La polémique des "vols fantômes" en Europe ne faiblit pas depuis que le PDG de la compagnie allemande Lufthansa, Carsten Spohr déclarait fin décembre au Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung qu'en "raison de la faible demande en janvier, nous aurions réduit encore plus de vols, mais nous devons effectuer 18 000 vols inutiles en plus cet hiver".

Un "non sens" environnemental

De nombreux responsables politiques se sont emparés de ce "non sens" environnemental comme la député européenne écologiste Karima Delli allant jusqu'à demander à la Commission européenne d'intervenir pour ne pas laisser les compagnies aériennes mener de tels actes. L'élue dénonce la règle qui régit l'utilisation des créneaux des compagnies aériennes dans les aéroports. Celle-ci vise à ce qu'une compagnie utilise au moins 80% de ses créneaux horaires précis de décollage et d'atterrissage sous peine de les voir redistribués au profit de la concurrence lors de la saison suivante.

En raison de la chute drastique du nombre de passagers due à la crise sanitaire, les autorités européennes avaient suspendu la règle du "use it or lose it" en mars 2020 afin de ne pas trop pénaliser les compagnies aériennes. Mais avec une reprise progressive des vols en 2021, la Commission avait rétabli la règle de seuil d'utilisation des créneaux à 50% (contre 80% avant la pandémie), déclenchant la colère des compagnies aériennes qui le jugent toujours trop élevé et irréaliste.

Un nouveau seuil minimum, irréaliste pour certains et justifié pour l'Europe

Du côté des aéroports européens, représentés par ACI Europe, et de la Commission européenne, on estime au contraire que les compagnies peuvent bénéficier d’exemptions et "sont très bien protégées contre les incertitudes actuelles" notamment vis à vis de la vague du variant Omicron du Covid-19. Elles "n’ont aucune raison de faire voler des avions à vide en Europe pour conserver leurs créneaux aéroportuaires", a affirmé l’association, disant sa "consternation" face à cette controverse. Selon la Commission, "l’objectif de l’allégement des créneaux horaires dans l’UE est précisément de faire en sorte que les compagnies aériennes puissent conserver leurs créneaux historiques sans avoir à voler à vide lorsque des restrictions sanitaires empêchent les passagers de voyager".

La compagnie française Air France a de son côté adopté une position différente. Elle "ajuste en temps réel son programme de vols en fonction des restrictions de voyage et des niveaux de demande" afin de n’avoir "jamais à opérer de vol à vide pour conserver des créneaux horaires". La Commission assure qu’elle "continuera à se concerter avec les coordonnateurs de créneaux pour que les allègements des règles relatives aux créneaux horaires offrent une protection adéquate aux compagnies aériennes, protègent l’environnement et garantissent l’utilisation efficace des capacités aéroportuaires".

Enfin, dans la perspective d'un retour à la situation antérieure à la pandémie, la Commission européenne a acté le 15 décembre dernier un relèvement progressif de ce seuil de 50% à 64%, entre mars et octobre 2022. Des négociations s'ouvriront dans les prochaines semaines pour la période suivante, à partir d'octobre 2022. Selon les projections d’Eurocontrol, agence chargée de la sécurité de la navigation aérienne, le trafic aérien devrait plafonner, en 2022, à 89% du niveau de l’année 2019.


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