Le 2 juillet dernier, la Commission européenne a publié son rapport sur l'état d'avancement de la décennie numérique, qui fait état des progrès accomplis et des efforts attendus pour atteindre les objectifs européens en matière de transition numérique.
La stratégie européenne pour la transition numérique
En septembre 2021, la Commission présentait les objectifs de la décennie numérique à horizon 2030. Ils seront complétés l'année suivante, en décembre 2022, par la déclaration européenne sur les droits et principes numériques, qui place les citoyens au coeur de la stratégie numérique.
Le précédent mandat, entre 2019 et 2024, a été le théâtre de la multiplication des législations communautaires, par exemple sur l'intelligence artificielle (IA), pour des espaces en ligne efficaces, innovants et sûrs. Un premier rapport a été publié à l'automne 2023, qui enjoignait l'ensemble des parties prenantes, en particulier les Etats membres, à accélérer leurs efforts pour mener une transformation numérique effective.
Ce travail législatif s'est accompagné de financements européens pour assurer la compétitivité des entreprises européennes du numérique, en particulier grâce à la Facilité pour la reprise et la résilience (150 milliards d'euros), au Programme pour l'Europe numérique (7,9 milliards d'euros) et au volet numérique du Mécanisme pour l'interconnexion en Europe (1,7 milliards d'euros). L'UE mise également sur la mobilisation des investissements privés, surtout pour les jeunes entreprises innovantes.
Dans un contexte géopolitique incertain et face aux menaces grandissantes en matière de cybersécurité, la poursuite des objectifs de la décennie numérique dans une logique de résilience et de sécurité s'impose comme une priorité européenne.
Les Etats membres doivent poursuivre leurs efforts
Le rapport examine les feuilles de route stratégiques nationales de la décennie numérique, dans lesquelles les Etats membres identifient les mesures et financements qu'ils prévoient pour la transformation numérique de l’UE.
La Commission juge que les efforts des 27 sont encore insuffisants, notamment en termes de financements pour les compétences numériques, les jeunes entreprises innovantes, l'IA et la connectivité au-delà des grandes villes. Ainsi, elle fait des recommandations par pays pour inviter les Etats à accentuer leurs efforts et à prendre des mesures fortes et ambitieuses. Le chemin est encore long. Si les tendances actuelles persistent, 17% des entreprises seulement utiliseront l'IA en 2030. Par ailleurs, à ce jour, seuls 55,6 % de la population ont au moins des compétences numériques de base.
Toutefois, le rapport souligne les progrès dans l'accès aux dossiers médicaux et aux services publics essentiels en ligne, même s'il demeure une marge de progression. Par ailleurs, bien que les Etats membres n'avancent pas tous à la même vitesse, l'identification électronique sécurisée (eID) est disponible pour 93% de la population. Le portefeuille d'identité numérique de l'UE vise à la déployer encore plus largement.
Concernant la France plus spécifiquement, les progrès les plus notables ont été réalisés dans le domaine de la e-santé : l’accès aux dossiers de santé en ligne a obtenu un score de 79,3 sur 100, contre 54,5 en 2022. A contrario, la numérisation des PME françaises reste limitée. En effet, en 2023, 52 % d'entre elles avaient au moins un niveau d’intensité numérique de base, contre 57,7 % pour la moyenne européenne.
Prochaines étapes
Dorénavant, les États membres ont jusqu'au 2 décembre 2024 pour présenter leurs feuilles de route révisées. Le prochain rapport de la Commission, qui tiendra compte de ces révisions, est prévu courant 2025.
Plus d'informations
- Communiqué de la Commission européenne
- Décennie numérique 2024 : rapport Eurobaromètre spécial
- Rapport pays sur la décennie numérique 2024 de la France
