Le 11 septembre 2024, la Commission européenne a publié son rapport 2024 sur l’Etat de l’Union de l’Energie. Celui-ci met en avant les avancées effectuées lors du dernier mandat de la Commission Européenne et est accompagné d'une annexe sur les systèmes nationaux et volontaires en matière de bioénergie qui existent dans les États membres.
Une politique énergétique d'envergure pour atteindre des objectifs climatiques ambitieux
En raison de ses objectifs climatiques et énergétiques de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici 2035 pour atteindre la neutralité carbone en 2050, l’UE s’est dotée d’un cadre stratégique et réglementaire important afin de parvenir à ces buts. Cela s’est notamment traduit par des politiques telles que le Pacte Vert pour l’Europe (consacrant l’objectif de neutralité climatique d’ici 2050) ou encore le plan REPowerEU (mis en place en 2022 suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Son but est que l’Union se détache de sa dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles russes en diversifiant les sources d’approvisionnement, en réalisant des économies d’énergie et en accélérant la transition vers une énergie propre).
Des avancées énergétiques importantes réalisées et mises en avant par le rapport
Suite à la mise en place de ces politiques, le rapport 2024 sur l’Etat de l’Union de l’Energie souligne que l’UE a su faire face à des défis inédits en matière environnementale tout en préservant croissance économique et compétitivité. Parmi les principales réalisations présentées, on peut notamment retenir l’augmentation des énergies renouvelables, avec une capacité solaire de 56 GW en 2023 et une capacité éolienne de 16 GW, ce qui représente un record. Grâce à cette évolution, la production d’électricité de l’Union Européenne provenant de sources renouvelables a atteint les 50% au premier semestre 2024 ; l'énergie éolienne étant devenue la seconde source de production d’électricité (après le nucléaire), surpassant le gaz (dont la demande a diminué de 18% entre août 2022 et mai 2024). Ce progrès a été rendu possible grâce aux efforts répétés de l’UE en faveur des énergies renouvelables, illustrés notamment par la création de l’Alliance européenne de l’industrie solaire photovoltaïque en 2022, ou encore l’élaboration du « Paquet énergie éolienne » afin de renforcer cette industrie.
Aussi, le rapport met l’accent sur la réduction de la dépendance énergétique de l’Union Européenne vis-à-vis de la Russie initiée suite à l’invasion de l’Ukraine. Les importations de gaz russe ont en effet chuté, passant de 45% en 2021 à 18% en juin 2024, au profit d’importations venant d’autres partenaires tels que la Norvège ou les Etats-Unis, permettant ainsi une diversification des sources d’approvisionnement. Par ailleurs, l’UE a poursuivi et réaffirmé son soutien énergétique à l’Ukraine, en livrant par exemple plus de 8000 générateurs de courants et 3000 transformateurs via le Mécanisme de Protection Civile de l’Union. Aussi, près de 400 millions d’euros ont été versés au Fond de Soutien Energétique de l’Ukraine par l'Union et les Etats Membres afin de financer des équipements d’urgence.
La question des consommateurs a également été prise en compte avec, par exemple, une réforme de l’organisation du marché de l’électricité afin de mieux protéger les plus vulnérables de la déconnexion. Par ailleurs, pour garantir la sécurité énergétique, l’UE a réussi à atteindre son objectif de stockage de gaz d’hiver de 90% dès le 19 août 2024 (alors que l’échéance fixée était le 1er novembre 2024). Pour ce qui est des prix de l’énergie, des mesures d’urgence ont été mises en place et ont permis de les faire diminuer puis de les stabiliser suite à la crise de 2022, même s’ils restent plus élevés qu'avant cette crise.
En complément de ces progrès, l’Union Européenne a souhaité maintenir sa compétitivité en développant de nouvelles technologies tout en poursuivant la baisse des émissions. Ainsi, la décarbonation industrielle s’est fortement appuyée sur l’hydrogène renouvelable et les technologies zéro-émission comme les petits réacteurs modulaires (SMR), sans nuire à la croissance économique. Au total, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 32,5% par rapport à l’année 1990, en parallèle d’une croissance économique de 67% sur la même période. Les technologies zéro-émission, pour leur part, devraient tripler d’ici 2030, avec une valeur avoisinant les 600 milliards d’euros. Ce développement est notamment soutenu par le Plan SET (Technologie Energétique Stratégique), révisé et intégré au Net-Zero Industry Act en 2023, qui vise à renforcer la compétitivité des technologies net-zéro de l'Union en mettant l’accent sur la Recherche et l’Innovation dans ce domaine.
De futurs défis à relever
Enfin, le rapport établit les nouveaux objectifs pour les années à venir ainsi que les défis auxquels l’UE devra faire face. Ainsi, le maintien de la compétitivité reste un enjeu central, avec pour ce faire un nouvel Accord sur l’Industrie Propre annoncé par Ursula Von der Leyen afin de garantir la compétitivité des industries et la qualité des emplois en Europe. D’autres défis se présentent également, à l’image de l’écart qui demeure entre les objectifs ambitieux qui restent à atteindre en termes d’énergies renouvelables et le manque d’ambition des Etats Membres dans ce domaine. Aussi, l’UE devra faire face à l’augmentation de la précarité énergétique, à l’écart des prix de l’énergie par rapport à d’autres fournisseurs concurrents dans le monde ainsi qu’au risque de nouvelles dépendances énergétiques. Ces défis nécessitent donc une coordination accrue, une meilleure intégration aux marchés et une action commune afin de produire une réponse politique forte ainsi qu’un changement radical dans les efforts fournis au niveau de l’UE et des Etats Membres.
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