Dans la nuit du 27 au 28 avril, deux nouveaux satellites Galileo ont été lancés avec succès, grâce à la coopération entre l'Agence de l'UE pour le programme spatial (EUSPA), l'Agence spatiale européenne (ESA) et la Commission européenne.
Le programme Galileo, un enjeu de souveraineté
Galileo est le système de géolocalisation européen exploitable depuis 2016, qui fournit des services utilisés dans des secteurs très divers tels que l'aviation, le maritime, les transports, l'agriculture, etc. Intégré dans des téléphones portables ou encore des appareils de navigation, il permet de définir la position exacte des usagers d'une manière plus précise que les autres systèmes existants. D'après l'EUSPA, à ce jour, plus de 5,2 milliards de smartphones compatibles avec Galileo ont été vendus dans le monde.
Constitué pour faire face à l'omniprésence du Global Positioning System (GPS) américain, il représente pour l'UE un enjeu majeur d'indépendance stratégique, dans un contexte de dépendance croissante de l'économie européenne à la qualité de la navigation par satellite.
Galileo est géré conjointement par l'ESA, chargée des aspects techniques, et l'EUSPA, qui supervise à la demande de la Commission la gestion opérationnelle et la maintenance du système.
De nouveaux satellites pour renforcer les services de Galileo
Suite à ce lancement réussi, la phase de dérive des satellites va débuter pour une durée de 4 semaines, avant leur positionnement définitif en orbite. Les deux nouveaux satellites complètent un réseau Galileo jusqu'alors constitué de 26 satellites en orbite. Ils vont contribuer à l'amélioration de la qualité des données et de la sécurité du système, utilisé aujourd'hui par près de la moitié de la population mondiale. Par exemple, Galileo sera en capacité d'accompagner plus efficacement les interventions d'urgence de recherche et de sauvetage.
Cet approfondissement du système permettra également de faciliter le lancement du service public réglementé (PRS) de Galileo, inauguré quelques jours auparavant dans le but de fournir des données fiables et hautement sécurisées aux autorités nationales et d'autres utilisateurs accrédités, comme les services d’urgence.
Enfin, douze satellites de 2e génération sont en cours de production (G2G), et deux autres lancements d'Ariane 6 sont prévus dans les prochains mois.
Une dépendance persistante vis-à-vis des Etats-Unis
L'UE souhaite s'autonomiser dans le domaine spatial, mais le chemin est encore (très) long. En effet, les lanceurs européens sont en mauvaise posture. La fusée Ariane 6, dont le lancement inaugural devrait être effectué cet été, accuse un retard de quatre ans, et Vega-C est à l'arrêt jusqu'à la fin de l'année en raison de défaillances techniques. Cependant, il convient de noter que malgré un retard conséquent, le carnet de commandes d'Ariane 6 est déjà bien rempli.
Dans ce contexte, c'est à bord d'une fusée appartenant à SpaceX, entreprise fondée par Elon Musk, que les deux satellites européens ont été lancés fin avril. Le recours a des lanceurs américains interroge sur la capacité de l’UE à assurer une véritable indépendance stratégique dans le domaine spatial, comme en témoigne la publication, le 3 mai dernier, de l'accord conclu avec les États-Unis pour la sécurité des lancements de satellites Galileo depuis les Etats-Unis.
Pour pallier ce retard, Thierry BRETON, Commissaire au marché intérieur, a manifesté le 23 janvier son ambition de déployer une "politique européenne des lanceurs" en stimulant l'industrie du secteur sur le territoire de l'Union. L'ampleur de l'enveloppe dédiée au spatial dans le prochain cadre financier pluriannuel sera déterminante.
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