Le 4 novembre dernier, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a dévoilé une feuille de route qui vise à transformer l'évaluation des risques environnementaux des pesticides pour les insectes pollinisateurs. Cette démarche, exigée par la législation de l'UE relative aux pesticides, prend une dimension holistique en intégrant les principes du concept « One Health », la « stratégie de la ferme à la table » et la stratégie concernant les produits chimiques pour la durabilité à l'horizon 2030.
Un premier pas vers un partenariat européen sur l'évaluation des risques environnementaux
La feuille de route, fruit d'une collaboration avec un consortium dirigé par l'Université d’Aarhus, est le résultat d'un appel d'offres lancé en 2021. Elle vise à orienter le projet de l'EFSA pour la création d'un partenariat européen en matière d'évaluation des risques environnementaux, avec une attention particulière portée sur la satisfaction des besoins de la société et la réalisation des objectifs politiques au sein de l'Union européenne. Ainsi, le processus d'évaluation des pesticides au sein de l'Union européenne vise à garantir que les substances actives utilisées ne présentent aucun risque pour la santé humaine, animale, ou l'environnement.
La feuille de route se focalise sur les risques concernant les insectes pollinisateurs, qui comptent des milliers d'espèces dont :
- Les hyménoptères : abeilles, fourmis, guêpes...
- Les diptères : mouches, moustiques, moucherons
- Les coléoptères : cétoines, hannetons...
- Les lépidoptères : papillons, vers à soie...
Le besoin de reconnaissance de l'importance du rôle crucial des insectes pollinisateurs
Ces insectes sont des acteurs essentiels : ils sont responsables des services de pollinisation indispensables pour garantir la sécurité alimentaire et ils évoluent dans une variété d'habitats et de contextes.
Cependant, les pollinisateurs font face à de multiples facteurs de stress et les pesticides sont utilisés en masse dans des endroits variés. En conséquence, 80% des insectes volants ont disparu en seulement 30 ans. De plus, l'emphase doit être mise sur la préservation des pollinisateurs sauvages : si les abeilles à miel ont vu leur nombre de ruches augmenter de 80% depuis les années 1960, les abeilles sauvages, essentielles à l'agriculture et en proies à la concurrences des autres abeilles, voient leur population décroître.
Les six champs d'action clés de la feuille de route de l'EFSA
Afin de limiter les risques environnementaux auxquels font face les insectes pollinisateurs, la feuille de route de l'EFSA aborde six domaines d'action clés :
- L'engagement dans un partenariat commun : il s'agit de favoriser une collaboration étroite entre les parties prenantes pour une évaluation efficace des risques.
- L'évaluation des conséquences écologiques des effets des produits chimiques sur les insectes pollinisateurs : il est question d'approfondir la compréhension des impacts des produits chimiques sur ces insectes et leur environnement.
- La progression de la caractérisation des dangers et de l'exposition : l'objectif est d'affiner les méthodes pour mieux comprendre les dangers potentiels et l'exposition des pollinisateurs aux pesticides.
- L'avancement de l'évaluation des risques liés à l'exposition combinée à plusieurs produits chimiques chez les insectes pollinisateurs.
- Le développement des outils d'évaluation des risques environnementaux à l'échelle du paysage, basés sur les populations et tenant compte des facteurs de stress environnementaux.
- Le développement et la mise en œuvre d'une approche systémique : le but est de promouvoir l'utilisation d'une approche systémique dans l'évaluation des risques, en encourageant son adoption dans le champ réglementaire.
Cette feuille de route offre une approche globale et transformative pour évaluer les risques environnementaux des pesticides. Cela témoigne de la volonté de l'EFSA d'encourager la participation active des parties prenantes dans la réalisation de ces objectifs ambitieux, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle ère de gestion responsable des risques liés aux pesticides pour les pollinisateurs.