Le 9 décembre dernier, la Commission européenne a présenté sa stratégie pour une mobilité durable et intelligente. Elle doit permettre aux systèmes de transports européens de réussir leurs transformations numériques et écologiques dans l’optique d’être plus résilients face aux futures crises.
Dans le cadre de cette stratégie, la Commission européenne a fixé plusieurs objectifs à atteindre aux horizons 2030, 2035 et 2050.
- À l’horizon 2030, la Commission souhaite qu’au moins 30 millions de véhicules à zéro émission circulent sur les routes européennes, que le trafic ferroviaire à grande vitesse double sur tout le territoire européen ou encore que les navires en mer à zéro émission soient prêts à être commercialisés ;
- À l'horizon 2035, elle souhaite que les aéronefs de grande capacité à zéro émission soient prêts à être commercialisés ;
- À l’horizon 2050, la Commission européenne veut que la quasi-totalité des voitures, camionnettes, autobus et véhicules utilitaires lourds neufs soient à zéro émission ou encore que le réseau transeuropéen de transport (RTE-T) multimodal et entièrement opérationnel au service de transports durables et intelligents garantisse une connectivité très rapide.
Pour réaliser les objectifs cités ci-dessus, la stratégie définit 82 initiatives à mettre en oeuvre, réparties dans 10 grands domaines d'action composés chacun de mesures concrètes.
- La mobilité durable: la stratégie prévoit de favoriser l'adoption de véhicules, navires et aéronefs à zéro émission, de carburants renouvelables et à faible teneur en carbone et d'infrastructures connexes; de créer des aéroports et des ports à zéro émission, de rendre la mobilité interurbaine et urbaine saine et durable, d'écologiser le transport de marchandises en doublant par exemple le trafic ferroviaire de marchandises d'ici à 2050; de fixer un prix pour le carbone et d'améliorer les incitations pour les usagers .
- La mobilité intelligente: la stratégie prévoit de faire de la mobilité multimodale connectée et automatisée une réalité ; d’encourager l'innovation et l'utilisation des données et de l'intelligence artificielle (IA) au service d'une mobilité plus intelligente.
- La mobilité résiliente: la stratégie prévoit de renforcer le marché unique - par exemple, en intensifiant les efforts et les investissements afin d'achever le réseau transeuropéen de transport (RTE-T) d'ici à 2030 ; rendre la mobilité équitable et juste pour tous et de renforcer la sûreté et la sécurité des transports tous modes confondus.
Un grand nombre d’organisations professionnelles européennes des secteurs du rail et portuaire ont salué la présentation de cette stratégie et ont assuré à la Commission leur intention de contribuer au verdissement du secteur.
Cependant, cette stratégie a suscité aussi des réactions plus contrastées, notamment de la part du secteur routier. En effet, l'Union internationale des transports routiers(IRU) a, pour sa part, regretté que la stratégie repose sur une approche « du réservoir à la roue » – mesurant simplement les émissions émises par les véhicules en circulation – et non sur une approche « du puits à la roue », mesurant la source d'énergie utilisée. Pour Karima DELLI, la présidente de la Commission des Transports au Parlement européen (Verts/ALE, française), cette stratégie « se traduit par une série de dizaines d’annonces extrêmement diverses et larges, ce qui pose la question de la réelle possibilité de mettre en œuvre les objectifs évoqués ». De même, plusieurs organisations environnementales ont remis en cause la capacité de cette stratégie à agir en faveur du climat. Selon Greenpeace, « La stratégie ne propose aucun changement de cap ».
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