Le Prix Sakharov pour la liberté de l’esprit est décerné chaque année par le Parlement européen. Inspiré de la vie d'Andreï Sakharov et créé en 1988, l'édition 2019 sera donc la 31ème de ce prix qui célèbre les défenseurs des droits de l'homme et des libertés fondamentales. En 2018, le prix avait été remis à Oleg Sentsov.
Réunies le 27 septembre dernier, la commission des affaires étrangères et la sous-commission des droits de l’Homme du Parlement européen ont dévoilé le nom des nominés pour cette année :
- Alexei NAVALNY Alexei Navalny est un avocat et militant politique russe. En 2011, il a été arrêté pour la première fois pour sa participation à un rassemblement organisé à l'extérieur de la Douma. Il a terminé second lors de l'élection du maire de Moscou en 2013. En 2017, il a publié un rapport s'attaquant à la corruption politique et critiquant Poutine et ses alliés politiques. Cela a déclenché des rassemblements anti-corruption dans de nombreuses villes russes, qui ont entrainé l’arrestation de plus de 1 000 manifestants, dont Navalny. Les autorités l'ont empêché de se présenter aux élections présidentielles de 2018. Navalny a été emprisonné à trois reprises en 2018 et 2019 pour avoir enfreint les lois strictes de protestation en Russie.
Nomination proposée par le groupe du Parti populaire européen.
- Marielle Franco, militante politique et défenseuse des droits de l'homme brésilienne a été brutalement assassinée en mars 2018. Marielle, femme bisexuelle née dans une favela, était connue pour avoir défendu les droits humains des jeunes noirs, des femmes, des habitants de favelas et des personnes LGBTI. Elle a également dénoncé à plusieurs reprises des exécutions extrajudiciaires et d'autres violations des droits de l'homme commises par des officiers de police et des forces de sécurité de l'État. Son cas reste ouvert.
Nomination proposée par l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates, le Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique, le groupe des Verts/Alliance libre européenne et par 43 autre députés.
- Claudelice Silva dos Santos, écologiste brésilienne et défenseuse des droits de l’homme, est devenue militante suite au meurtre de son frère et de sa belle-sœur. Ces deux derniers ont été assassinés à cause de la lutte qu'ils menaient contre la déforestation au Brésil. Elle est connue pour ses positions contre les bûcherons illégaux, les éleveurs et les producteurs de charbon opérant dans la région de Praia-Alta Piranheira, une colonie amazonienne isolée.
Nomination proposée par l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates et par le Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique.
- Le chef Raoni est la figure emblématique de la lutte contre la déforestation en Amazonie. Il est l’un des grands leaders du peuple Kayapo, installé au cœur de l’Amazonie. Il a environ 90 ans et a consacré sa vie à la lutte pour les droits des autochtones et à la préservation de l'Amazonie.
Nomination proposée par l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates et par le Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique.
- Ilham Tohti est un économiste ouïghour qui lutte pour les droits de la minorité ouïghoure en Chine. Il est partisan du dialogue et plaide pour la mise en œuvre des lois sur l'autonomie régionale en Chine. Accusé de séparatisme, il a été condamné à la prison à vie en 2014. Malgré cela, il reste une figure de modération et de réconciliation. Depuis 2017, plus d'un million d'Ouighours ont été détenus dans des camps d'internement.
Nomination proposée par le groupe Renew Europe, Phillip Bennion, Ilhan Kyuchyuk, Reinhard Bütikofer et par 58 autres députés.
- Jean Wyllys de Matos Santos est un défenseur des droits de l’homme, journaliste, conférencier et homme politique brésilien. En 2010, il a été élu député fédéral (parti PSOL), devenant le premier activiste gay à remporter un siège au Congrès. Au cours de ses deux mandats, il a présenté des lois sur l'égalité du mariage civil, la légalisation de l'avortement, la réglementation du travail du sexe, la loi sur l'identité de genre, l'accouchement humanisé, la légalisation de la marijuana et l'école libre de toute forme de préjugés. En janvier 2019, menacé de mort, il n'a pas pris ses fonctions malgré sa réélection, et a quitté le Brésil. Il vit actuellement en Europe et parcourt le monde pour dénoncer les violations des droits de l'homme dans son pays et les politiques régressives du gouvernement d'extrême droite du président Bolsonaro.
Nomination proposée par l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates, le Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique, le groupe des Verts/Alliance libre européenne, par Terry Reintke, Tanja Fajon et par 43 autre députés.
- The Restorers, un groupe de cinq étudiants du Kenya composé de Stacy Owino, Cynthia Otieno, Purity Achieng, Mascrine Atieno et d’Ivy Akinyi , a développé i-Cut, une application aidant les filles à faire face aux mutilations génitales féminines. i-Cut permet aux jeunes femmes de chercher de l'aide, de trouver un centre de secours ou d’alerter les autorités plus facilement. Les mutilations génitales féminines sont reconnues internationalement comme une violation des droits de l’homme. Plus de 200 millions de filles et de femmes actuellement en vie en ont été victimes. Chaque année, plus de 3 millions de filles sont menacées.
Nomination proposée par le groupe des Conservateurs et Réformistes Européens.
Les nominations peuvent être faites par un groupe politique ou par 40 députés minimum. Les commissions parlementaires des affaires étrangères et du développement votent pour choisir, parmi les nominés, les trois finalistes. Ensuite, c'est à la conférence des présidents de choisir le lauréat.
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Les trois finalistes seront choisis lors d'une réunion conjointe des commissions des affaires étrangères et du développement le 8 octobre.
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La Conférence des Présidents annoncera le ou les lauréats le 24 octobre.
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La cérémonie de remise du prix se tiendra à Strasbourg le 18 décembre.
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