L'Autriche débute en ce mois de juillet son mandat de présidence tournante du Conseil de l'UE, suite à la Bulgarie. Si elle a présenté ses priorités face aux députés européens la semaine du 9 au 13 juillet, le principal sujet de ce semestre restera sans aucun doute la question du contrôle des frontières et de l'immigration, pour le chancelier autrichien Sebastian Kurz.
La lutte contre l'immigration illégale
En effet, le dirigeant d'un gouvernement alliant l'extrême droite est défenseur d'une ligne dure sur l'immigration et souhaite se poser en médiateur entre les pays de l'Europe de l'Est et de l'Europe de l'Ouest. Lors d'une séance plénière au Parlement européen le 3 juillet, M. Kurz a affirmé vouloir lutter contre l'immigration illégale et renforcer les contrôles aux frontières extérieures de l'UE, pour éviter le retour à des frontières intérieures. En effet, selon lui, les frontières de Schengen ne sont "pas sûres" et il fait le constat que l'Europe s'est révélée incapable de résoudre le problème ; c'est donc le défi qu'il se fixe pour ce mandat de présidence.
Pour ce faire, Kurz souhaiterait renforcer les effectifs des gardes frontières européens et des garde-côtes en Méditerranée. Il a par ailleurs soutenu la proposition du dernier Conseil européen de créer des "centres de transit", plateformes de traitement des demandes d'asile situées dans les pays tiers. L'Autriche envisagerait de plus de supprimer le droit d'asile sur le sol européen, via un processus appelé « système de protection qui permettrait qu’aucune demande d’asile ne soit déposé sur le sol européen ». Le but recherché par l'Autriche serait qu'à l'horizon 2025, seuls les individus "respectant les valeurs de l'UE, ses droits et libertés fondamentales" puissent bénéficier de l'asile, vision cependant assez idéologique de l'asile et qui le détournerait de sa fonction première, à savoir protéger les droits de l'homme.
Si cette vision est partagée par l'ancien bloc communiste, ces propositions sont jugées inquiétantes par beaucoup de députés notamment d'Europe de l'Ouest, qui s'insurgent contre le lien établit entre migration et sécurité. Ils ont également accusé la nouvelle présidence de vouloir détourner l'attention des européens des "vrais problèmes" (le chômage, les inégalités), en utilisant la peur et les migrations comme bouc émissaire.
La compétitivité des entreprises
Outre le dossier très sensible de la migration, la présidence autrichienne s'est fixé comme priorité le maintien de la prospérité et de la compétitivité en Europe, notamment via une politique du numérique renforcée. L'Europe doit devenir leader des nouvelles technologies selon Kurz; qui propose de plus de continuer les efforts vers une taxation des géants du numérique, pour une concurrence équitable.
Le processus d'adhésion des Balkans
Dossier déjà porté par la présidence bulgare, l'Autriche devrait elle aussi pousser pour une avancée des négociations d'élargissement envers les Balkans et un renforcement de la stabilité du voisinage européen, via un dialogue harmonisé avec la Russie. « Le projet européen ne sera achevé que lorsque les Balkans occidentaux appartiendront à notre communauté de nations » selon Kurz.
Enfin, de manière plus générale, l'Autriche devra gérer les négociations délicates du prochain cadre financier pluriannuel, ainsi que la poursuite des discussions sur le Brexit. Sebastian Kurz a affirmé vouloir faire tout son possible pour avancer sur ces deux sujets.
Plus d'Information:
Site Internet de la présidence autrichienne
Les priorités de la présidence autrichienne débattues en commissions au Parlement
Notre article sur le Conseil européen de juin et les questions migratoires