Le 29 mai dernier, Viktor Orbán, Premier ministre de la Hongrie, a accordé une interview au journal français Le Point dans laquelle il évoque les priorités de travail qui se dessinent pour la présidence semestrielle hongroise du Conseil de l’UE qui commencera au 1er juillet prochain.
Cinq priorités principales sont ainsi mises en avant par le dirigeant qui a également tenté de rassurer ceux qui s’inquiètent de cette présidence du Conseil par la Hongrie, pays notoirement eurosceptique et proche de la Russie sur beaucoup d’aspects. Viktor Orbán a ainsi précisé qu’une présidence du Conseil n’accorde que des prérogatives très limitées, « un rôle d’intermédiaire honnête, pas de vrai leader » pour reprendre les mots du dirigeant.
Défendre l’Europe face aux crises, externes comme internes
La première priorité identifiée par Viktor Orbán est celle du rôle de l’UE dans la crise migratoire actuelle. La Hongrie est fortement opposée au Pacte européen sur la migration et l’asile adopté en avril dernier et souhaite ralentir fortement les entrées de migrants dans l’espace Schengen en révisant le Pacte pour renforcer le contrôle des flux migratoires.
La deuxième priorité touche à la défense européenne et aux capacités de défense que l’UE possède, lesquelles ne sont pas suffisantes aux yeux de la Hongrie. Viktor Orbán évoque notamment la forte dépendance stratégique de l’UE aux Etats-Unis qui possèdent de bien meilleures capacités de défense. Pour une véritable autonomie stratégique de l’Union européenne, les Etats membres doivent développer leurs capacités de défense.
La troisième priorité évoquée par Viktor Orbán touche à la crise démographique qui touche l’Union européenne. Le dirigeant précise que selon lui « la principale cause de nos problèmes démographiques est la guerre », bien que ce ne soit pas la seule. Ainsi, Orbán met en avant le besoin d’un échange de bonnes pratiques entre pays européens, autres que les politiques d’immigration, pour faire face à cette crise.
La compétitivité européenne avant tout
Bien que le dirigeant hongrois ait insisté sur les capacités de défense de l’UE et l’importance de son autonomie stratégique, il n’encourage pour autant pas l’implication des Etats membres dans les conflits actuels, notamment la guerre en Ukraine. Ainsi, Orbán insiste sur la position qui a toujours été celle de la Hongrie vis-à-vis de la Russie : les négociations de paix et la communication. Bien que ces techniques diplomatiques n’aient pas fait leurs preuves durant les deux dernières années et que la Russie poursuive ses attaques contre l’Ukraine, la Hongrie persiste à condamner et à critiquer les décisions de soutien militaire à Kiev. Orbán insiste notamment sur le besoin d’une « estimation du prix » de l’implication européenne dans le conflit et d’une « clarification des objectifs » de l’UE. Par ailleurs, depuis le début des discussions, la Hongrie se dit contre une adhésion prématurée de l'Ukraine à l'Union Européenne.
Enfin, la Hongrie préconise une révision de la transition verte dans l’objectif de préserver l’industrie européenne, arguant que la première est néfaste pour la seconde. La préservation de la compétitivité économique de l’Europe sera donc la cinquième priorité de la présidence hongroise du Conseil, même s’il s’agit, pour y arriver, de défaire les progrès réalisés ces cinq dernières années en matière de protection de l’environnement et de ralentissement du changement climatique.