Dans un ordre international en pleine recomposition, où les alliances traditionnelles semblent de plus en plus fragiles, une relation bilatérale se distingue par sa consolidation progressive : celle entre l’Union européenne et l’Inde. Le 4 mars dernier, nous vous informions du lancement d’un accord de libre-échange et du renforcement du partenariat stratégique, porté par Ursula von der Leyen et Narendra Modi, avec pour objectif une finalisation d’ici la fin de l’année 2025. Depuis, les négociations avancent à un rythme soutenu : huit chapitres sur vingt ont d’ores et déjà été conclus, bien que certains secteurs sensibles, tels que l’agriculture ou les produits laitiers, demeurent exclus du périmètre de l’accord.
Sécurité, défense et cybersécurité
Le 15 juin, à l’occasion de la visite officielle de Narendra Modi à Chypre, une déclaration conjointe a été adoptée visant à renforcer la coopération en matière de défense, de cybersécurité, de lutte contre le terrorisme et de sécurité maritime (notamment à travers des missions d’escorte navale et des exercices de recherche et sauvetage). Cette coopération s’inscrit également dans le cadre du corridor économique Inde–Moyen-Orient–Europe (IMEC), considéré comme un axe stratégique commun.
Dans cette perspective, la Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères, Kaja Kallas, a affirmé le 10 juin : « Pour l’avenir, il existe des arguments solides en faveur d’un partenariat UE–Inde en matière de sécurité et de défense ». Une position partagée par le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, qui a souligné l’importance d’une confiance mutuelle, malgré des visions parfois divergentes sur certains dossiers.
L’Inde a également manifesté son intérêt pour rejoindre des projets dans le cadre de la Coopération structurée permanente (PESCO) de l’Union, et s’est déclarée prête à entamer des négociations en vue d’un accord sur la sécurité de l’information (SoIA). Les deux parties souhaitent en outre intensifier leur coopération dans la région indo-pacifique et explorer la mise en place d’un partenariat sécuritaire, sur le modèle de ceux que l’UE a déjà établis avec le Japon et la Corée du Sud.
Une première réunion thématique est prévue à l’automne, portant sur les enjeux liés à l’espace, à la navigation par satellite et à la sécurité stratégique.