Le 28 mai dernier, les eurodéputés de la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI) du Parlement européen ont adopté leur position sur la Stratégie de l’UE pour la biodiversité à l’horizon 2030, présentée en mai 2020 par la Commission européenne.
Les députés ont ensuite adopté le texte en plénière, le mardi 8 juin, à une large majorité (515 voix pour, 90 contre et 86 abstentions). Cette résolution, qui vise à faire face à la sixième extinction des espèces dans le monde, commence par saluer l’ambition de la stratégie de la Commission visant à garantir la restauration, la résilience et la protection des écosystèmes mondiaux d'ici 2050. Cependant, elle souligne aussi l’échec des précédentes Stratégies pour la biodiversité et appelle à s’attaquer rapidement et efficacement aux cinq principaux facteurs de changements dans la nature : les changements dans l’utilisation des terres et des mers, l’exploitation directe des organismes, le changement climatique, la pollution et les espèces exotiques envahissantes. Selon les eurodéputés, un réel changement appelle une mobilisation de 20 milliards d’euros par an pour les actions en faveur de la biodiversité en Europe. De plus, cette stratégie doit selon eux être accompagnée d'une loi de l'UE sur la biodiversité, sur le modèle de la "loi climat", afin d'établir un cadre de gouvernance contraignant jusqu'en 2050.
Concrètement, la résolution insiste sur quatre points particuliers :
- La protection des surfaces : les eurodéputés estiment qu’un plan de restauration de la nature de l’UE est nécessaire, et demandent qu’au moins 30% des zones terrestres et maritimes soient protégées d’ici 2030. Parmi ces zones protégées, au moins un tiers, dont les forêts primaires et anciennes encore présentes, devraient être strictement protégées.
- La protection de la vie sauvage : les députés insistent pour qu’un « état de conservation favorable » des espèces et des habitats soit atteint d’ici 2030.
- La biodiversité dans les zones urbaines : la résolution appelle à la création d’une plateforme européenne pour l’écologisation urbaine, ainsi qu'à la définition d’objectifs contraignants en matière de biodiversité urbaine (toitures végétalisées, réduction de l’utilisation de pesticides, etc.).
- Les abeilles et pollinisateurs : les députés ont indiqué qu’ils s’opposeraient au renouvellement de l’autorisation du glyphosate après le 31 décembre 2022. Ils souhaitent également que soit lancée une révision de l’initiative européenne sur les pollinisateurs afin de la rendre plus ambitieuse et efficace. Cette révision devrait notamment comprendre l’établissement d’objectifs et d’indicateurs clairs pour mettre fin au déclin des pollinisateurs.
Enfin, les élus souhaitent qu’un accord semblable à l’Accord de Paris sur le climat soit conclu pour la biodiversité au cours de la conférence des Nations unies d’octobre 2021 (COP26), afin de définir les priorités mondiales en matière de biodiversité pour 2030 et au-delà.