À la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et de la crise énergétique qui en découle, la Commission européenne a élaboré un plan intitulé REPowerEU ayant 3 objectifs : économiser de l’énergie, diversifier les sources d’approvisionnement et produire davantage d’énergies renouvelables afin de diminuer la dépendance de l’UE envers la Russie.
À la conquête dans son indépendance énergétique et industrielle
Pour atteindre le dernier objectif, la Commission lance sa stratégie européenne pour l’énergie solaire qui doit stimuler le déploiement de l’énergie photovoltaïque avec la mise en service de plus de 320 GW de panneaux solaires photovoltaïque d’ici à 2025, ce qui représente plus du double du parc actuel, et environ 600 GW en 2030. Ceci doit remplacer la consommation annuelle de 9 milliards de mètres cubes de gaz naturel d’ici 2027.
Toutefois, il est crucial que l’Union européenne soit aussi en mesure de remplacer l’utilisation de combustibles fossiles dans l’industrie, les bâtiments et le secteur des transports. Par ailleurs, le continent européen doit être en mesure de produire les infrastructures pourvoyeuse d’énergies renouvelables. Or, si l’Europe est le continent le plus ambitieux concernant les transitions écologique et énergétique avec pour base le Pacte vert pour l’Europe, son paquet législatif Fitfor55 et, à présent, le plan REPowerEU, son industrie n’est pas en phase avec les défis qu’elle veut relever. Elle demeure fortement dépendante des usines de production des pays tiers et, en particulier, de la Chine.
Ainsi, pour pallier ces faiblesses industrielles, l’UE a lancé, dès 2017, les alliances industrielles, un outil pour faciliter le renforcement de la coopération et de l’action conjointe entre toutes les parties prenantes, acteurs publics et privés, des secteurs concernés. À titre d’illustration, les alliances ont déjà porté leurs fruits dans le domaine des batteries et des plastiques recyclables. S’agissant de l’Alliance européenne pour les batteries, lancée en 2017 par la Commission européenne, les Etats membres, l’industrie et la communauté scientifique, elle vise à faire de l’Europe un leader mondial dans la production et l’utilisation durable des batteries. Supportée par la Banque européenne d’investissement, cette dernière a déjà rassemblé 440 acteurs de l’industrie et de l’innovation.
La création d’une nouvelle alliance industrielle dans le domaine du photovoltaïque
Le vendredi 9 décembre 2022, la Commission européenne a lancé l’Alliance européenne de l’industrie photovoltaïque solaire.
L’objectif de cette alliance est de réunir les acteurs du secteur afin de répondre aux objectifs fixés par la stratégie européenne pour l’énergie solaire évoquée dans la première partie de cet article. Il s’agit de créer une synergie entre les parties prenantes afin de diversifier les approvisionnements de panneaux solaires et, surtout, d’augmenter sensiblement la production sur le territoire européen pour atteindre en 2030 un parc européen doté d’une capacité de production de 600 GW.
Atteindre cet objectif permettrait d’obtenir une certaine autonomie dans le secteur des énergies renouvelables tant sur le plan des infrastructures que sur le plan énergétique et contribuerait, ainsi, à se défaire de l’emprise de la Russie et de la Chine. L’UE estime que cela permettrait de générer 60 milliards d’euros de nouveau PIB par an en Europe et de créer plus 400 000 nouveaux emplois.
Concrètement, l’Alliance se concentrera sur 3 points :
- Garantir des opportunités d’investissement pour le photovoltaïque européen en cartographiant les opportunités d’investissement et en créant des pipelines de projets susceptibles d’être financés. Elle a pour objectif d’attirer les investisseurs privés pour développer et commercialiser des produits photovoltaïques innovants made in Europe;
- Créer un environnement favorable pour que les panneaux solaires poussent comme des champignons sur notre territoire en s’attaquant aux obstacles tels que la nécessité de simplifier les procédures d’autorisation pour les nouveaux sites de fabrication ou de sécurité l’approvisionnement en matières premières requis à la production ;
- Diversifier les approvisionnements et renforcer la résilience de la chaîne d’approvisionnement en trouvant de nouveaux fournisseurs.
La Commission européenne assure la direction politique de l’Alliance et supervise, ainsi, les travaux. Par ailleurs, l’EIT InnoEnergy est en charge du secrétariat.