Le 27 mars dernier, les 28 Etats membres de l’Union européenne se sont accordés pour poursuivre l’opération Sophia pendant six mois encore, jusqu’en septembre 2019. Cette opération navale, également connue sous le nom de EUNAVFOR Med a été adoptée en 2015 afin de lutter contre le trafic de migrants en mer. Si à première vue l’on pourrait se réjouir de cet accord, il fait suite à de longs mois de tergiversations et, est en réalité très critiqué. En effet, seules les patrouilles aériennes et la formation des garde-côtes libyens contre les passeurs vont être poursuivies. En ce sens, la dimension navale de l’opération n’est pas maintenue : l’Italie est en effet opposée à ce que ses ports soient utilisés pour débarquer les migrants secourus (ce qui était initialement prévu dans l’accord passé en 2015). Si le fait de suspendre l’utilisation des navires est temporaire comme le souligne la porte-parole de F. Mogherini, M.Salvini avait toutefois menacé « soit les règles changent, soit il est mis fin à la mission » (qui a son siège à Rome). En outre, en janvier, l’Allemagne jugeant la situation bloquée avait décidé de ne pas remplacer sa frégate qui opérer au large des côtes libyennes.
De fait, l’accord trouvé fin mars par les Etats membres est fustigé par beaucoup.
Si la presse italienne précise qu’aucune opération de secours n’aurait eu lieu depuis l’été 2018, le directeur général de France Terre d’Asile précise que « c’est vraiment la panne de l’Europe. On tremble devant l’incapacité de l’UE à dessiner une voie commune ». Mais surtout on retiendra les réactions de la Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe.
Elle déplore;
- non seulement la diminution des moyens navals en Méditerranée
- avant de demander d’arrêter aux Etats membres d’obstruer l’action des ONG opérant sur place.
Elle rappelle également le soutien naval, en particulier en matière d’activités de recherche et de sauvetage dont doivent bénéficier les Etats membres côtiers de la part de ceux qui ne sont pas directement bordés par la Méditerranée.
Enfin elle demande aux Etats membres de prouver que « le soutien apporté aux gardes côtes ne contribue pas aux violations des droits de l’homme » ; s’ils ne sont pas en mesure d’apporter cette preuve elle leurs enjoint d’arrêter cela.
- De plus elle rappelle qu’en prenant cette décision, les Etats de l’UE contribuent « directement ou indirectement » au retour des migrants dans leur pays d’origine où les droits de l’Homme ne sont pas respectés.