Constat alarmant de l’Observatoire de la sécheresse de Copernicus

In Actualité de l'Union européenne, Actualité de la Représentation d’Occitanie Europe, Énergie - Environnement - Climat by Ambre

Depuis le début de l’année 2022, une sécheresse d’une ampleur inédite s’abat sur de nombreuses régions en Europe. La situation s’est aggravée avec l’arrivée de l’été combinant de fortes chaleurs avec un manque de précipitations généralisé et persistant positionnant ainsi 47 % du territoire européen dans une situation dangereuse et 17 % du territoire dans une situation alarmante. Ces données fournies par l’Observatoire de la sécheresse de Copernicus et exploitées par l’Indicateur Combiné de Sécheresse rappellent la situation inquiétante et le besoin d’agir au plus vite pour limiter les conséquences.

 

L’Europe se transforme en cocotte-minute

Les épisodes de sécheresse auxquels les européens ont dû faire face cet été sont liés à un manque de précipitations associé à une série de vagues de chaleur.

Parmi les régions les plus touchées par le manque de précipitations au cours de la période estivale de 2022, le sud de la France figure en tête de peloton accompagné du centre et sud du Portugal, de l'Espagne, du centre de l'Italie, de la Suisse, du sud de l'Allemagne, d’une large zone de l'Ukraine, de la Slovaquie, de la Hongrie, de la Roumanie, de la Moldavie ainsi que de vastes zones des Balkans occidentaux.

De plus, de nombreuses régions en Europe ont subi de fortes vagues de chaleur durant tout l’été. La péninsule ibérique a connu une vague de chaleur prolongée dans la première moitié de juillet 2022 entraînant des températures supérieures à la moyenne tout au long du mois de juillet. Par la suite, la vague de chaleur s'est déplacée vers le sud-est de la France et le nord-ouest et le centre-ouest de l'Italie. Enfin, au début du mois d'août, une large zone traversant la France, l'Allemagne, la Suisse, le nord de l'Italie et l'ouest de la Pologne a également été touchée par une période de jours très chauds.

Globalement, en France, l’été 2022 restera dans les annales avec trois vagues de chaleur et 33 jours de canicule au total. La température moyenne de l’été a été 2,3 degrés au-dessus des normales de saison, positionnant l’été 2022 au 2e rang des étés les plus chauds depuis 1900. Des experts du Centre National de Recherches Météorologiques de Météo France soulignent que cette situation liée au changement climatique ne va faire qu’empirer dans les années à venir. Ils prévoient vers 2050 que la moitié des étés soient comparables voire supérieurs à 2022. C’est pourquoi, il est fondamental d’agir fortement sur la réduction des émissions de CO2 ainsi que sur les capacités de résilience des territoires les plus touchés tels que le sud-ouest de la France.

 

Des épisodes de sécheresse aux conséquences désastreuses

Ces épisodes de sécheresse, qu’une grande partie des territoires européens a enduré cet été, engendrent de multiples effets négatifs sur les territoires tels que l’évapotranspiration, une demande en eau plus élevée, une réduction du débit des cours d’eau ainsi qu’une réduction des rendements des cultures d’été et un stress de la végétation.

En effet, le manque de précipitations ainsi que les fortes chaleurs augmentent l’évapotranspiration, réduisent le débit des cours d’eau et déclenchent une demande en eau plus élevée, contribuant ainsi à accroître de manière substantielle la gravité de la sécheresse. En France, plus de 100 communes ont eu des problèmes d'approvisionnement en eau cet été avec de l'eau potable livrée par camion. 66 départements français étaient au niveau d'alerte le plus élevé de "crise" en matière de sécheresse, et au moins 93 départements se trouvaient à l'un des trois niveaux d'alerte les plus élevés pour la sécheresse.

Au manque d’eau s’ajoute, selon le Système européen d'information sur les feux de forêt, plus de 60 000 hectares de terres qui ont brûlé depuis le début de 2022, soit déjà plus du double de 2021 et environ 4,6 fois la moyenne des dix dernières années (2012 2021). Début août, EDF a réduit sa production d'électricité dans une centrale du sud-ouest de la France en raison des températures élevées du fleuve Garonne, et a émis des alertes permanentes pour les réacteurs situés le long du Rhône.

Aussi, la réduction du volume d'eau stockée a eu de profondes répercussions sur le secteur de l'énergie, tant pour la production d'hydroélectricité que pour les systèmes de refroidissement de centrales électriques.

De plus, les stress hydrique et thermique ont considérablement réduit les rendements des cultures d'été. Les cultures les plus touchées sont le grain de maïs, le soja et le tournesol, avec des réductions (par rapport à la moyenne des 5 dernières années) estimées respectivement à : -16 %, -15 %, -12 %.

Enfin, l'un des effets d'aggravation les plus importants lié à la sécheresse, reflété également par l'Indice Combiné de Sécheresse, est le stress généralisé sur la végétation. Globalement, en comparant la situation du mois d’août à celle du mois de juin, on constate une baisse généralisée de l'activité photosynthétique par rapport à la norme saisonnière. Les régions les plus touchées par la détérioration des conditions de végétation sont : le centre et le sud du Royaume-Uni, l'est de l'Irlande, l'Allemagne, le nord et le centre de l'Italie, la Hongrie, la Roumanie, la Moldavie, l'Ukraine, la Finlande et le nord-ouest de la Russie.

En conclusion, si les récentes précipitations ont pu atténuer les conditions de sécheresse de cet été dans certaines régions d’Europe, les conséquences de ces épisodes restent profondes dans plusieurs territoires tant au niveau de l’agriculture que concernant le niveau d’eau des cours d’eau ainsi que l’approvisionnement en eau.


Pour plus d'informations

Liens vers le rapport "sécheresse" et le rapport "culture".

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