Des chercheurs européens se penchent depuis plusieurs années sur les violences urbaines, qui font chaque jour couler beaucoup d'encre. Le débat, parfois houleux, sur les réponses les plus efficaces à leur apporter est très présent dans les médias européens. Dans ce contexte, l'UE soutient des projets de recherche pour mieux comprendre, et ainsi mieux prévenir, ce type de violences.
Bilan des violences urbaines en Europe
Stockholm, automne 2023. Les autorités suédoises s'inquiètent de la recrudescence inédite des règlements de comptes entre bandes rivales de plus en plus jeunes. Cet exemple illustre l'inquiétude croissante au sujet des violences urbaines. Ces violences ont toujours existé et ne cessent d'inquiéter.
Les violences urbaines renvoient à des phénomènes d'explosion de violences collectives à l'encontre de biens et de personnes généralement associées aux institutions par lesquelles les auteurs de ces violences se sentent disqualifiés, à l'image des émeutes en France en été 2023 suite à la mort de Nahel, 17 ans, lors d'un contrôle policier à Nanterre. Dans un sens élargi, elles peut désigner des violences plus fréquentes, voire quotidiennes, par exemple entre bandes rivales, ou "gangs'.
Parmi les multiples facteurs des violences urbaines, le trafic de drogue est au centre des préoccupations. Dans son dernier rapport annuel sur les drogues, l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies dresse un tableau d'ensemble du trafic et de la consommation de stupéfiants en Europe. En particulier, il met en exergue les violences qui en découlent, dont les règlements de compte entre gangs.
Des projets de recherche sur les violences urbaines
Après avoir soutenu un premier projet de recherche sur la violence urbaine, TRANSGANG, l'UE finance le projet GANGS pour mieux comprendre comment se forment et se perpétuent les gangs. Ces travaux de recherche visent à analyser le contexte d'émergence de ces violences et à en déterminer les facteurs socio-économiques.
Le projet TRANSGANG est le fruit du "Modèle de Barcelone" développé après qu'un adolescent barcelonais a été tué par erreur par un gang. Ce projet de recherche, soutenu par l'UE, a pour objet l'étude de la dimension internationale des gangs et de l'importance de la médiation dans la réponse à apporter à ces violences. Grâce à une analyse comparative entre des approches fondées sur la répression, notamment en Europe, en Afrique et dans les Amériques, et d'autres construites sur la médiation, en particulier à Barcelone (Espagne), Rabat (Maroc) et Medellin (Colombie), le projet a permis de mettre en lumière la faible efficacité des stratégies punitives, susceptibles d'aggraver la situation socio-économiques des jeunes auteurs de ces violences en les excluant encore davantage du reste de la société. A contrario, la médiation permet de renforcer la cohésion sociale et de limiter les violences.
Le projet GANGS opère sur une période de 5 ans, et devrait se terminer au mois de juin 2024. Doté d'une enveloppe de 2,9 millions d'euros, dont 2,5 millions de financements européens, il étudie la manière dont les gangs se créent, se développent et agissent, en s'appuyant sur les cas de Marseille (France), Naples (Italie) et Algeciras (Espagne), mais également dans des pays non européens, en particulier au Nicaragua et en Afrique du Sud. Ce travail de recherche met exergue le caractère mondial des gans tout en soulignant les spécificités propres à chaque territoire et contexte politique, social et économique.
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