Les conclusions du Conseil des ministres de l'Environnement du 23 octobre ont mis en évidence une nouvelle fois les limites du cadre européen de protection de la nature. Les ministres des Etats membres ont réaffirmé vouloir donner d'urgence de meilleures orientations politiques en invitant la Commission à prendre des mesures contraignantes à cet effet. Le Conseil a en outre demandé que toute nouvelle législation nationale fasse l'objet d'une étude d'impact sur la biodiversité. Il a souligné également la responsabilité collective des États membres dans l'atteinte des objectifs de protection de 30% des surfaces terrestres et marines en se basant sur le système NATURA 2000. Malgré la bonne volonté affichée, les États membres ont tout de même montré qu'ils gardent des préoccupations différentes. Plusieurs États ont en effet demandé des spécifications sur leurs situations particulières, certains étant frileux (par exemple sur la définition des forêts primaires), d'autres regrettant que les conclusions du Conseil n'aillent pas plus loin.
Ce Conseil s'est réuni à la suite de la semaine verte européenne du 20 au 22 octobre, qui avait pour thème la biodiversité. Cette série de conférences avait pour objectif de montrer comment la nouvelle stratégie européenne sur la Biodiversité peut participer à la protection de la nature en Europe. Présenté lors d'une de ces conférences, le dernier rapport sur l'état de la nature de l'Agence européenne de l'environnement (AEE) a fait récemment un point alarmant sur l'état de la biodiversité en Europe, en insistant sur la responsabilité des États dans la mauvaise application de la législation européenne pour la protection de la nature. Ce sont " 81% des habitats au niveau de l'UE qui sont en mauvais état" comme l'a indiqué le Commissaire européen à l'environnement Virginijus Sinkevičius, qui indique "l'urgence" de faire respecter les engagements de l'UE en faveur de la biodiversité. Malgré un cadre législatif bien présent et la volonté d'agir à très court terme, les moyens de mise en œuvre manquent dans la réalité.
A l'occasion de la Semaine Verte européenne a également été lancé le premier Centre de connaissance sur la biodiversité, qui sera piloté par le Centre commun de recherches de l'UE. Ce centre a pour but d'appuyer les décideurs et les acteurs de la biodiversité en leur fournissant des données centralisés, fiables et actualisées sur l'état de la nature en Europe et au niveau global. En effet, la biodiversité est un enjeu mondial et non seulement européen, et cette dimension doit toujours être prise en compte.
Dans le cadre la Convention mondiale pour la diversité biologique qui se tiendra en 2021, le cadre européen pour la biodiversité a potentiellement les moyens de devenir un exemple au niveau mondial comme l'a indiqué le Conseil, à condition d'être efficacement appliqué.