En 2025, l’espace Schengen célèbre ses 40 ans. Symbole d’une Europe sans frontières intérieures, il constitue l’un des acquis les plus concrets de l’intégration européenne. Grâce à lui, près de 450 millions de citoyens peuvent circuler librement sans contrôle systématique aux frontières intérieures. Ce système repose sur une gouvernance conjointe entre les États membres et les institutions européennes pour gérer les frontières extérieures, assurer la sécurité intérieure et coordonner les flux migratoires.
Le rapport présenté le 23 avril 2025 par la Commission européenne dresse un bilan globalement positif : les règles Schengen sont dans l’ensemble bien appliquées et la coopération régionale se renforce. Ce rapport prépare également le terrain pour le Conseil Schengen de juin, qui définira les priorités du cycle de gouvernance 2025-2026.
Intégrations récentes et défis persistants
L’un des faits marquants de l’année écoulée est l’adhésion pleine de la Bulgarie et de la Roumanie à l’espace Schengen. Cette avancée politique renforce non seulement la cohésion de l’UE, mais aussi son efficacité économique. Désormais, l’adhésion à Schengen est pleinement intégrée au processus d’élargissement de l’UE : les pays candidats doivent disposer, dès leur entrée dans l’Union, d’un système de gouvernance Schengen pleinement opérationnel.
Cependant, plusieurs lacunes structurelles subsistent. La Commission souligne que 65 % des recommandations issues du mécanisme d’évaluation Schengen n’ont pas encore été mises en œuvre. De plus, dix pays, dont l’Allemagne, la France ou les Pays-Bas, ont réintroduit des contrôles aux frontières intérieures, parfois de manière généralisée. Si ces mesures peuvent être justifiées par des considérations de sécurité, elles fragilisent l’un des principes fondateurs de Schengen : la libre circulation. La Commission rappelle que ces dérogations doivent rester temporaires et ciblées, et appelle à minimiser leur impact sur les échanges transfrontaliers.
Vers un Schengen renforcé et numérisé pour 2025-2026
La Commission européenne prévoit pour le prochain cycle de gouvernance Schengen d’accélérer la numérisation des procédures et d’assurer une meilleure interopérabilité des systèmes d’information, afin de prévenir les risques pour la sécurité et de faciliter les retours des personnes en situation irrégulière. En 2024, près de 123 400 retours ont été enregistrés (+12 %), avec un rôle renforcé de Frontex, qui a assisté au rapatriement de plus de 56 000 personnes.
La coopération opérationnelle reste un axe prioritaire, lacunaire jusqu'à présent. Ainsi la mise en place de patrouilles communes (comme entre la Croatie, l’Italie et la Slovénie) ou le développement du « tableau commun du renseignement » illustrent la volonté de renforcer la coordination policière, en particulier dans les zones frontalières. Des efforts sont aussi entrepris pour adapter Schengen à l’évolution géopolitique, notamment en approfondissant les partenariats avec les pays voisins et en déployant des outils communs contre les menaces hybrides.