Le Parlement européen sera amené à se prononcer en séance plénière en avril prochain sur l’interdiction de la pêche électrique en Europe. Cette technique, déjà interdite dans de nombreux pays comme les Etats-Unis, la Chine, l’Australie, la Russie, le Brésil ou l’Uruguay, permet, à l’aide d’un filet remorqué par un navire (chalutier) de racler le fond de l’océan pour récupérer aisément les poissons plats vivants dans les profondeurs (plies, soles, turbot, etc). Des électrodes sont placées sur les chaluts afin d’envoyer des décharges dans les sédiments, paralysant les poissons et les projetant hors des fonds sableux.
Cette technique, principalement employée au sein de l’Union européenne par les pêcheurs néerlandais qui y voient une pratique rentable, n’est pourtant pas sans effets. De nombreuses ONG et pêcheurs critiquent cette technique de pêche agressive dans la mesure où elle impacte tout l’écosystème marin à son passage. Les décharges auraient des impacts sur les poissons, produisant des hémorragies ainsi que des effets sur la croissance et la fertilité des poissons. De nombreux pêcheurs s’alarment en outre de l’impact de cette pratique sur les stocks de poisson en Mer du Nord.
La séance plénière du Parlement européen devra désormais valider la position prise sur le sujet le 7 mars dernier par la commission parlementaire en charge de la pêche. Le rapport adopté à une large majorité (21 pour, 2 contre et 2 abstentions) prévoit la fin de la pêche électrique au 1er juillet 2021.
Il prévoit également une période de transition jusqu’au 1er juillet 2021 où la pêche électrique continuera à être autorisée sous certaines conditions « strictes » : seuls 5 % de la flotte de chaque Etat membre pourra pratiquer ce type de pêche, les chalutiers devront respecter une puissance électrique maximale et aucune nouvelle licence ne sera accordée durant la période transitoire. Les Etats membres pourront en outre prendre des mesures « non discriminatoires pour restreindre ou interdire l'utilisation du chalut à impulsions électriques » dans les eaux sous leur souveraineté ou juridiction.
Plusieurs ONG critiquent néanmoins un compromis trop généreux envers les Néerlandais. Elles regrettent qu’une période de transition de plus de deux années soit mise en place au détriment des écosystèmes et des pêcheurs artisans, et invitent les Etats membres à prendre toutes les mesures nécessaires afin d'interdire cette technique de pêche dans leurs eaux.
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