Le 21 avril dernier, la commission transport du Parlement européen s’est réunie afin de d'échanger avec le Commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton sur l'épidémie du COVID-19 et ses impacts sur le secteur du tourisme.
Le Commissaire européen a tout d’abord rappelé que le secteur du tourisme est un secteur important pour l’UE qui représente près de 12% de l’emploi, 11% du PIB, 90% des entreprises touristiques ont en dessous de 10 employés. 50% du tourisme mondial est en Europe, ce qui représente un des secteurs les plus importants.
« C'est le tissu le plus fragile de notre économie qui est touché aujourd’hui », a ainsi déclaré Thierry Breton. La saison estivale a venir va être particulière a-t-il déclaré, « il faut la préserver et apporter des éléments nécessaires pour répondre à la crise ».
Les chiffres prévisionnels de 2020 pour le secteur tourisme ne sont pas bons en raison du très fort impact du COVID-19. Selon l’organisation mondial du tourisme, il y aurait une réduction du trafic touristique d’environ 20 à 30%, pour l’OCDE il faut estimer cette baisse entre 40-50%. Les pertes économiques seraient aussi conséquentes, elles iraient de 275 à 400 milliards d’euros pour l’industrie du voyage dans le monde.
Les pertes de revenus entre les différences branches du secteur seront importantes a déclaré Thierry Breton. Pour les hôtels, les restaurants elles seraient d’au moins de 50% en prévisions, 70% pour les tours opérateurs et plus de 90% pour les croisiéristes et les compagnies aériennes.
Le Commissaire a rappelé qu’à court-terme, la priorité va être d’aider les entreprises du secteur à passer le cap de la crise en les aidant avec leur trésorerie. La réforme du secteur doit être engagé pour donner de l’optimisme, assurer un filet de sécurité, assurer la liquidité, la mise en œuvre des aides nationales et soutenir les entreprises face au chômage partiel. Thierry Breton a aussi souligné que la Commission européenne veillerait à ce que l’initiative de la Banque européenne d’investissement (BEI) visant à fournir des garanties aux entreprises européennes soit mise en place dans les semaines à venir.
Le secteur du tourisme devrait largement bénéficier des plans de relance à long terme contre la crise qui seront financés via le prochain budget à long terme de l’UE (2021-2027). Thierry Breton soutient l’idée d’une ligne budgétaire dédiée « avec une profondeur et une puissance de feu dont nous avons besoin pour que le secteur se remette de la crise ». « Nous devons présenter une réponse forte, a expliqué le commissaire. Le tourisme est notre priorité et nous essayons de faire notre maximum avec les fonds existants » a-t-il expliqué.
Un des points importants de son allocution concerne le tourisme de demain. Selon lui, il doit être au cœur du green deal, doit être plus durable en préservant les écosystèmes et les réalités économiques et en faisant la promotion d’un tourisme de proximité. Il doit être davantage numérique, pour cela il faut trouver le juste équilibre équilibre entre les acteurs traditionnels et les acteurs numériques. « Il y aura un avant et un après COVID-19 » a-t-il déclaré. Le secteur doit être plus stratégique, il faut prendre en compte le poids économique et social, les diversités culturelles, tout en se protégeant des stratégies d'investissements des pays non-européens.
Lors des échanges avec les députés européens, Thierry Breton a aussi rappelé que les États membres devaient veiller à ce que les bons d’achats offerts aux consommateurs soient couverts par un régime approprié pour lutter contre la faillite des agences touristiques. La Commission européenne travaille actuellement sur un plan pour aider les agences à pouvoir surmonter cette difficulté.
Il a aussi annoncé la tenue en septembre ou octobre prochain d’un sommet européen du tourisme consacré au tourisme durable ainsi que la rédaction d’une feuille de route pour un secteur du tourisme européen plus durable, résilient et innovant.