Les bonnes relations entre l’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA) sont essentielles pour la collaboration entre le continent européen et celui africain. Par ailleurs, l'UE est le premier partenaire de l'Afrique en matière de commerce et d'investissement, de sécurité, d'énergie, de transition verte, de développement et d'aide humanitaire. Par exemple, 52 pays africains ont un accord commercial avec l’UE. L’Afrique est aussi attrayante pour l’UE : certaines économies dans ses pays sont de celles qui augmentent le plus rapidement au monde. De plus, en 2035 le continent africain aura le plus grand potentiel en termes de main-d’œuvre. Leur collaboration leur est donc mutuellement bénéfique.
En juillet 2020, le Conseil soulignait : « L'UE est déterminée à renforcer cette relation avec les États africains et l'Union africaine et à construire un partenariat politique plus fort, basé sur des intérêts mutuels et des engagements, de la réciprocité, de la responsabilité partagée et de l'action commune et qui réponde à la fois aux aspirations européennes et africaines ».
Désormais, l’UE et l’UA ont la volonté de renforcer leur partenariat stratégique sur des défis communs, tels que la migration, le changement climatique et le Covid-19. Cela suit la logique de la stratégie globale avec l’Afrique, présentée en mars 2020 par la Commission européenne, proposant un partenariat sur la transformation numérique, la transition verte, la paix et la gouvernance, la croissance durable et l’emploi.
Lundi 21 septembre 2020, Josep BORRELL, Haut Représentant de l'UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, a annoncé le report de deux réunions entre l’UE et l’UA : leur sommet qui était programmé pour fin octobre et leur réunion ministérielle préparatoire du 28 septembre. Lors de ces réunions, l’UE et l’UA tentent de collaborer sur des sujets tels que le multilatéralisme ; la paix, la sécurité et la stabilité ; le développement durable et inclusif pour relever ensemble les défis mondiaux ; la croissance économique durable.
Ce report est dû à la pandémie mondiale du Covid-19, à laquelle il faut trouver des solutions. Jutta URPILAINEN, la Commissaire européenne aux Partenariats internationaux, a d’ailleurs informé que pour la première fois depuis 1998, du fait du Covid-19, la pauvreté augmente en Afrique. Face à ce problème, l’UE et l’UA perçoivent l’énergie propre et la transition verte comme des opportunités de relance durable post-Covid. En effet, « les intervenants africains, notamment des entrepreneurs, ont tous insisté sur l'accès à l'énergie propre, aux financements pour les entreprises africaines prêtes à innover ainsi qu'à la finance climat, difficile à obtenir. »
Malgré cet ajournement, Josep BORRELL affirme son ambition et celle de l’UA pour renforcer la collaboration entre les 2 organisations. Il ajoute que les prochaines semaines seront consacrées à trouver un accord sur les priorités communes pour la prochaine décennie.
Sous la présidence de Luca JAHIER, l’Afrique est une des priorités du Comité économique et social européen (CESE), malgré le Covid-19. Le CESE souhaite promouvoir une vie décente en Afrique, en créant une classe moyenne et en renforçant ses structures démocratiques sociales-libérales.
Le CESE propose un partenariat durable entre l’UE et l’Afrique basé sur les structures démocratiques, les droits de l’homme universel, des investissements à long terme dans les infrastructures et la pleine participation de la société civile organisée. Son objectif est de construire une relation plus équilibrée entre les pays africains et l’UE afin d’atteindre les objectifs de développement durable (SDG). Le CESE considère que pour arriver à ces objectifs, l’Afrique a besoin d’environ 600 milliards d’euros. A cela s’ajoute le soutien que l’UE devrait apporter à l’Afrique pour faire face au Covid-19. Pour ce faire, le CESE souhaite entre autres que l’UE investisse plus en Afrique, tel que dans les infrastructures, et partage son expertise.
Le CESE déclare : « "Nous devrons apporter un soutien encore plus important aux États africains afin qu'ils puissent mettre en place des systèmes de santé solides et prêts à relever des défis tels que Covid-19 ».
Les actions de l’UE devraient être réalisées tout en respectant la culture africaine et en impliquant la société civile et les jeunes africains. De plus, afin que les intellectuels africains ne partent pas du continent, l’UE devrait soutenir dans son partenariat de développement, la création de systèmes d'éducation publiques locaux à tous les niveaux, avec un élargissement du programme Erasmus+.
Le CESE met aussi l’accent sur la répartition équitable des richesses et la création de structures d’Etat providence. Le CESE souhaite que l’UE propose sa propre alternative aux initiatives d’investissement, telles que la « Belt and Road », avec une politique commerciale contraignante accompagnée de sanctions. Le Comité soutient d’ailleurs le projet en cours de construction d'une zone de libre-échange continentale africaine qui créerait des synergies avec le marché intérieur de l’UE. L’UE devrait aussi proposer un partenariat d’investissement avec l’Afrique impliquant la société civile organisée dans les systèmes de contrôle.
En attendant la réunion formelle entre l’UE et l’UA, différents Etats Membres ont partagé leur opinion. Par exemple, d’une part, le ministre finlandais Pekka HAAVISTO appelle l'UE à soutenir le processus de paix en cours au Soudan, et d’autre part le ministre autrichien de l’Intégration et des Affaires étrangères, Alexander SCHALLENBERG, souligne que l’Accord post-Cotonou, en cours de négociation avec les pays ACP, est un sujet essentiel pour son pays. En effet, insistant sur le sujet de la migration, il explique que « l’Accord sera absolument décisif, également en vue de la proposition de la Commission sur un nouveau Pacte Migration-Asile ». Selon le président Luca JAHIER, le prochain partenariat UE-ACP devrait mentionner la migration et l’implication de la société civile africaine.
La prochaine réunion ministérielle de négociation entre Jutta URPILAINEN et le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert DUSSEY, est espérée en octobre.