Depuis 2016 et la publication de la Stratégie globale pour la politique étrangère et de sécurité de l’Union européenne, les politiques de défense et de sécurité sont devenues des priorités pour l’Union. La nature des enjeux de défense a changé. Ils sont devenus hybrides, numériques, technologiques et transnationaux. Le contexte de sécurité a également profondément évolué et les citoyens attendent de plus en plus de l’Europe en la matière. L'UE est donc devenue un échelon éminemment pertinent pour faire face à ces enjeux, alors que les stratégies purement nationales perdent en efficacité. L’Union a donc cherché à se doter des outils adéquats pour conduire une véritable politique de défense et de sécurité européenne, en renforçant notamment l’activité de l’Agence Européenne de Défense (EDA). Pour son Directeur Général, l’espagnol Jorge DOMECQ, l’EDA est devenu un acteur central de la coopération européenne et l’interlocuteur privilégié en ce qui concerne la politique de défense européenne.
Trois outils principaux ont été développés pour renforcer cette politique. Le premier, nommé CARD (ou EACD - Examen Annuel Coordonnée en matière de Défense – en français), sert à conduire une évaluation annuelle des plans de défense nationaux des États membres. L’objectif de cet exercice est d’identifier les axes d’amélioration en termes de coordination et de coopération entre États membres et d’assurer une plus grande cohérence dans les capacités de défense européennes.
Le second instrument, la PESCO (ou CSP - Coopération Structurée Permanente – en français), regroupe 25 États membres autour de 20 engagements communs. Cela concerne par exemple une meilleure coordination et un investissement plus important dans leurs capacités de défense. L’objectif final de la PESCO est d’améliorer l’efficacité des opérations conjointes et l’interopérabilité des forces armées européennes. Elle se traduit concrètement par la conduite de projets communs, au nombre de 47 pour le moment, en collaboration étroite avec l’industrie de défense européenne. Le développement de l’industrie de défense européenne est en effet un enjeu important. Sa compétitivité face aux acteurs américains, chinois et russes est une des clés de la souveraineté militaire et défensive de l’Europe.
Le troisième outil principal de la politique européenne de défense permet de mobiliser le budget européen à travers le Fonds Européen de la Défense. Avec un budget de 525 millions d’EUR pour 2019-2020, l’Union entend financer des projets de recherche et industriels collaboratifs et innovants dans le secteur de la défense pour, là encore, assurer la compétitivité de l’industrie européenne.
Selon M. DOMECQ, le principal défi actuel de l’EDA est de parvenir à convaincre les États membres de mieux intégrer ces outils et l’idée générale d’une collaboration européenne approfondie sur la défense dans les processus de planification nationaux. La coordination entre l’Agence et les partenaires de l’UE, comme l’OTAN et, suite au Brexit, le Royaume-Uni, sont également des enjeux cruciaux. Enfin, l’EDA travaille à intégrer la politique de défense européenne avec les autres priorités de l’UE, telles que le prochain Green Deal, l’intelligence artificielle ou l’espace.
Retrouvez l’interview de M. DOMECQ, Directeur Général de l'EDA, ici.