Dans le cadre de la stratégie européenne pour la coopération sur l’éducation et la formation 2020, la Commission européenne a publié son évaluation annuelle des systèmes d’éducation et de formation à travers l’Europe. L’UE a défini six objectifs et cibles prioritaires en la matière :
- La proportion de jeune de 18 à 24 ayant quitté prématurément le système d’éducation et de formation devrait être inférieure à 10%.
- Au moins 40 % des personnes âgées de 30 à 34 ans devraient être diplômées de l'enseignement supérieur.
- Au moins 95 % des enfants devraient participer à l’enseignement préscolaire
- La proportion de jeunes de 15 ans ayant une maîtrise insuffisante de la lecture, des mathématiques et des sciences devrait être inférieure à 15 %.
- Le taux d'emploi des diplômés (les personnes entre 20 et 34 ans ayant au minimum un niveau d'enseignement secondaire de deuxième cycle et ayant terminé leurs études depuis moins de trois ans) devrait atteindre au moins 82 %.
- Au moins 15 % des adultes devraient participer à des activités d’apprentissage.
Du coté des points positifs, on observe des avancées significatives sur l’enseignement supérieur et l’enseignement préscolaire. Malgré tout, la Commission européenne note que d’importantes inégalités persistent. Les femmes sont en moyenne plus diplômées que les hommes (45.8% contre 35.7%) et l’écart se creuse. L’écart est également significatif entre les personnes nées au sein de l’UE (41%) et celles nées en dehors de l’UE (35.8%). La Commission relève également que moins de la moitié des pays européens ont mis en place des objectifs spécifiques pour l’intégration des groupes sous-représentés dans l’éducation supérieure tels que les personnes handicapées, les migrants et les étudiants de milieux défavorisés. Les chiffres sont similaires dans l’éducation préscolaire. Alors qu’en moyenne 90% des enfants y participent, ce taux baisse à 77.8% pour les enfants provenant de familles menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale. Enfin, les progrès sont importants sur le départ prématuré des jeunes du système éducatif depuis 2009 et le lancement de la stratégie européenne sur l’éducation et la formation. Cependant, on constate un ralentissement des progrès sur cette aspect depuis 2016, voire même un recul dans certains pays (Italie, Suède, Danemark, Slovaquie, Estonie).
Du côté négatif, la Commission indique que la maîtrise des compétences de bases dans les matières telles que la lecture, les mathématiques et les sciences, reste un défi majeur au sein de l’UE puisque cela concerne près d’un jeune de 15 ans sur cinq. Concernant la participation des adultes à des activités d’apprentissage, les progrès sont très modestes (de 9.5% en 2008 à 11.1% en 2018). La difficulté majeure dans ce domaine est que les personnes qui ont le plus besoin de formations et d’accès à l’apprentissage, les personnes avec peu ou pas de qualifications, sont celles le moins susceptibles d’en bénéficier.
L’évaluation annuelle comporte également une section dédiée au corps enseignant, et le constat dressé est assez préoccupant. Seuls 18% des enseignants du premier cycle du secondaire estiment leur métier valorisé par la société. L’attractivité de la profession est en baisse, notamment au niveau salarial, alors que les pays européens devront en moyenne renouveler un tiers de leurs effectifs au cours de la prochaine décennie. L’autre défi concernant les enseignants relève de leur formation et de leur développement de compétences. La Commission indique que les écoles européennes manquent en particulier d’enseignants capables de prendre en charge les enfants présentant des besoins spécifiques, d’enseigner dans des environnementaux multiculturels ou multilingues, et d’enseigner à des étudiants venant de milieux défavorisés. C’est le cas notamment en France, mais aussi en Italie et au Portugal. Enfin, les enseignants ont également besoin de développer leurs compétences en matière de Technologie de l’Information et de Communication pour s’adapter à un environnement technologique en rapide mutation. Pour Tibor Navracsics, Commissaire européen à l’éducation, la culture, la jeunesse et le sport, « la réussite de toute réforme du système éducatif passe par les enseignants ; aussi, est-il essentiel de mieux répondre à leurs besoins pour créer un véritable espace européen de l'éducation d'ici à 2025 ».