La réduction des émissions de méthane, une priorité pour l’UE

In Actualité de l'Union européenne, Énergie - Environnement - Climat by Occitanie Europe

Second plus important contributeur au changement climatique, le méthane représente un véritable obstacle pour atteindre les objectifs climatiques de l'UE et pour améliorer la qualité de l'air. Des mesures européennes pour réduire les émissions de ce gaz sont nécessaires et attendus à la fois par les députés européens et par la société civile.

Un an avant l'ouverture de la COP 26 de Glasgow en Ecosse, la Commission européenne publiait sa stratégie de réduction des émissions de méthane. Avec une approche holistique, celle-ci expose des mesures législatives et non législatives dans de nombreux secteurs tels que l'énergie, l'agriculture et les déchets qui représentent environ 95 % des émissions de méthane liées à l'activité humaine au niveau mondial. Grâce à une collaboration avec des partenaires internationaux et des entreprises, la Commission européenne compte réduire les émissions tout au long de la chaîne d'approvisionnement. Pour cela, la stratégie prévoit de renforcer et d'harmoniser la surveillance et la déclaration des émissions de méthane puisqu'actuellement, cela varie d'un Etat membre ou d'un secteur à l'autre. Ainsi, la Commission compte mettre en place un Observatoire international des émissions de méthane en partenariat avec le Programme des Nations unies pour l'environnement, la Coalition pour le climat et l'air pur et l'Agence internationale de l'énergie. Le programme satellitaire européen Copernicus améliorera également la surveillance et contribuera à détecter les super-émetteurs mondiaux et à repérer les fuites de méthane importantes.

Concernant le secteur agricole, la Commission prévoit de mettre l'accent sur la diffusion des meilleures pratiques en matière de technologies innovantes, d'alimentation animale et de gestion d'élevage. Egalement, la collecte des déchets organiques humains et agricoles non recyclables pouvant produire du biogaz, des biomatériaux et des produits biochimiques sera encouragée. En plus de générer des revenus supplémentaires, cette pratique permettra de limiter les émissions de méthane.

Pour le secteur des déchets, il est essentiel de réduire autant que possible la mise en décharge de déchets biodégradables afin d'éviter la formation de méthane. La stratégie de la Commission envisagera également de proposer de nouveaux travaux de recherche sur les technologies de production de biométhane à partir de déchets. De plus, la révision de la législation sur la mise en décharge sera faite pour 2024.

Enfin, concernant le domaine de l'énergie, la Commission propose une obligation de mieux détecter les fuites dans les infrastructures gazières et d'y remédier, ainsi qu'un instrument législatif visant à interdire les pratiques de torchage et de dégazage systématiques. Enfin, elle compte engager le dialogue avec les partenaires internationaux et étudier les normes, objectifs chiffrés ou incitations possibles pour les importations d'énergie dans l'UE.

Des mesures concrètes attendues

Mais cette stratégie n'est pour le moment pas contraignante et des mesures concrètes sont attendues pour la fin de l'année 2021. Alors, le 28 septembre dernier, la commission parlementaire en charge des questions environnementales du Parlement européen exhortait la Commission de proposer une nouvelle loi pour réduire de manière significative les émissions de méthane dans tous les secteurs afin de rester en ligne avec l'accord de Paris sur le changement climatique. Reprenant certains éléments de la stratégie d'octobre 2020, le rapport voté par les députés européens propose la mise en place d'un système obligatoire de surveillance, de déclaration et de vérification pour tous les secteurs émetteurs de méthane, ainsi que des programmes obligatoires de détection et de réparation des fuites qui couvriraient l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement dans les secteurs de l'énergie et de la pétrochimie. Réuni en plénière, le 21 octobre dernier, le Parlement européen a approuvé le rapport et continue de plaider pour des objectifs contraignants de réduction des émissions de méthane afin de mettre en œuvre le plan de la Commission européenne.

Quelques jours plus tôt, le 18 octobre, le président américain Joe Biden et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen appelaient également à des engagements internationaux afin de réduire les émissions de méthane et de réduire le réchauffement d'au moins 0,2°C d'ici à 2050. L'Argentine, le Ghana, l'Indonésie, l'Irak, le Mexique et le Royaume-Uni avaient immédiatement soutenu cet appel, baptisé le Global Methane Pledge , suivi dès le 11 octobre par 24 pays supplémentaires dont la France et l'Allemagne. Cette initiative devrait être officiellement lancée durant la prochaine COP26 au mois de novembre 2021.

Des organisations de protection de l’environnement se sont aussi exprimées en faveur de ces nouvelle initiatives. "La dynamique se met en place pour un « moment méthane » à Glasgow ", a déclaré Fred Krupp, président d'Environmental Defense Fund. 

Tandis que l'ONU publie le 25 octobre 2021 un rapport faisant état d'un nouveau record d'émission de gaz à effet de serre en 2020, la COP 26 qui ouvre dès le 31 octobre sera donc l'occasion de confirmer les ambitions climatiques de la stratégie de l'UE et des autres Etats signataires du Global Methane Pledge. Mais certaines absences comme celles de la Chine (premier pollueur au monde) ou de la Russie pourraient doucher les espoirs dans la lutte contre les émissions de méthane.


Plus d'Information:

Communiqué de presse de la Commission européenne sur la stratégie de réduction des émissions de méthane

Communiqué de presse du Parlement européen

Communiqué de presse du Global Methane Pledge

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