La jeunesse européenne en faveur d’une Union élargie

In Actualité de l'Union européenne, Elargissement by Occitanie Europe

À l’heure où l’avenir de l’Union européenne se joue aussi à travers de nouveaux élargissements, la jeunesse européenne se distingue par son enthousiasme. Deux jeunes sur trois soutiennent l’entrée de nouveaux pays dans l’UE, selon un sondage Eurobaromètre publié le 2 septembre 2025.


Contexte

L’Eurobaromètre est une série d’enquêtes d’opinion régulières menées par la Commission européenne depuis 1973. Son objectif est de mesurer les perceptions, les attentes et les préoccupations des citoyens européens sur de grands thèmes d’actualité. Dans le cas présent, l'enquête, réalisée entre février et juin 2025 par des entretiens en face à face, s’est intéressée à l’attitude des Européens et des pays candidats vis-à-vis de l’élargissement de l’Union. Ce type de sondage constitue une source clé pour comprendre l’opinion publique et orienter les politiques de communication et de décision européennes.


Une jeunesse massivement favorable à l’élargissement

Les résultats mettent en évidence un soutien particulièrement marqué chez les jeunes générations. Près de deux tiers des répondants, de 15 à 39 ans, estiment que les pays candidats devraient rejoindre l’Union une fois les conditions requises remplies. Pour 56 %, un nouvel élargissement serait même bénéfique pour leur propre pays.
Les arguments avancés sont clairs : l’élargissement est perçu comme un moyen de renforcer la sécurité et la défense, de soutenir la compétitivité économique, et d’accroître l’influence mondiale de l’UE. Autant de préoccupations qui font écho à l’actualité géopolitique et aux attentes d’une génération confrontée à la guerre en Ukraine, aux crises économiques et aux enjeux de sécurité collective.


Enthousiasme et manque d’information

Cependant, cet enthousiasme s’accompagne d’un paradoxe : une majorité de citoyens se sent mal informée sur le sujet. 67 % des citoyens déclarent manquer de connaissances sur la politique d’élargissement, un chiffre encore plus élevé en France (74 %).


Des attentes contrastées dans les pays candidats

Le sondage ne s’est pas limité aux États membres : il a également interrogé les habitants des pays candidats et potentiels candidats. Les résultats montrent certains écarts :

  • Albanie : 91 % des répondants favorables à l’adhésion ;

  • Macédoine du Nord : 69 % ;

  • Ukraine : 68 % ;

  • Géorgie : 74 %  ;

  • Serbie : seulement 33 % favorables ;

  • Turquie : opinion partagée, avec environ 50 % de soutien.

Ces chiffres traduisent la diversité des situations : si certains pays voient dans l’adhésion une opportunité de développement et de stabilité, d’autres restent marqués par des tensions politiques ou une méfiance vis-à-vis de Bruxelles.


Focus sur la France : une opinion plus réservée et des inquiétudes marquées

En France, les résultats de l’Eurobaromètre confirment un soutien plus mitigé à l’élargissement de l’Union européenne que dans le reste de l’UE. Seuls 35 % des Français se disent « assez favorables » à un nouvel élargissement, tandis que 19 % n'y sont « pas du tout favorables ». La perception des bénéfices est elle aussi mesurée : 31 % jugent qu’un élargissement serait « légèrement bénéfique », et 18 % « pas du tout bénéfique ».

Lorsqu’on interroge les domaines qui ont le plus profité des élargissements passés, les Français mettent en avant avant tout l’économie et la compétitivité (40 %), suivies par l’influence mondiale de l’UE (35 %). Mais certaines thématiques apparaissent plus sensibles en France qu’ailleurs : la migration (25 %) et la lutte contre la criminalité et le terrorisme (24 %) sont davantage citées qu’à l’échelle européenne (24 % et 22 %). À l’inverse, l’impact sur l’emploi est perçu beaucoup plus négativement : 18 % seulement des Français considèrent qu’il a bénéficié de l’élargissement, contre 33 % des Européens.

Interrogés sur les avantages d’un futur élargissement, les Français privilégient avant tout le renforcement de l’influence de l’UE dans le monde (31 %), tandis qu’à l’échelle européenne la priorité est plutôt donnée à l’élargissement du marché pour les entreprises (37 %). L’écart est particulièrement marqué sur la perception des opportunités professionnelles : 19 % en France contre 31 % dans l’UE.

Quant aux pays candidats, la France se montre plus prudente que la moyenne : 48 % de favorables pour l’adhésion de l’Ukraine, mais seulement 27 % pour la Turquie. Dans l’ensemble, le soutien français est environ 10 points inférieur à celui observé au niveau européen.

Les inquiétudes dominent également : la principale crainte est une migration incontrôlée (41 %), suivie du coût pour les contribuables européens (37 %) et des disparités économiques et financières accrues (37 %). Pour réussir un futur élargissement, les Français jugent essentiel de garantir le respect de l’État de droit, la lutte contre la corruption et la protection des droits fondamentaux.

Enfin, l’étude souligne un déficit d’information préoccupant : 44 % des Français se disent « pas très bien informés », et seulement 13 % « très bien informés ». Les principales sources d’information sont la télévision (57 %), les sites d’information en ligne (35 %) et les réseaux sociaux (27 %). Les sujets jugés prioritaires pour mieux comprendre l’élargissement sont les coûts et avantages (50 %), ainsi que l’impact sur la paix et la stabilité de l’Union (38 %).


Pour aller plus loin

Plus d'informationssont disponibles sur les résultats des enquêtes.

Les résultats complets ainsi que les fiches par pays de l’Eurobaromètre spécial sont également accessibles en ligne.

Les résultats pour la France sont disponibles ici.

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