Les résultats définitifs des élections législatives controversées qui ont eu lieu fin octobre en Géorgie ont été publiés le 16 novembre. Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, a remporté ces élections. De forts soupçons d’irrégularité pèsent sur cette victoire qui a entrainé de grandes manifestations dans le pays. Dans ce contexte de crise politique et institutionnelle, le Rêve géorgien, parti pro-russe, a annoncé suspendre le processus d’adhésion à l’UE, renforçant encore les tensions existantes.
Victoire controversée du Rêve géorgien
Le parti Rêve géorgien, au pouvoir depuis 2012, a gagné les élections législations de 2024 en devançant largement l’alliance de partis d’opposition (54% contre 38%).
Cependant, dès l’annonce des résultats, les partis d’opposition, l’Union européenne et les Etats-Unis ont demandé aux autorités compétentes d'enquêter sur des soupçons d’irrégularité. Le Rêve géorgien est notamment accusé d’avoir acheté des voix et soumis des électeurs à des pressions.
Face à cette situation, la présidente pro-européenne du pays, Salomé Zourabichvili, refuse de rendre son mandat qui se termine cette année. Elle exige que de nouvelles élections législatives soient organisées et qu’un conseil de transition soit mis en place, ce que rejette le gouvernement.
Selon les autorités russes, cette décision de Salomé Zourabichvili est une tentative de coup d’Etat. L’ancien président russe Dmitri Medvedev a déclaré que le pays « avançait rapidement sur une trajectoire ukrainienne, vers un sombre abîme ».
Suspension du processus d’adhésion à l’UE
Le 28 octobre, après une première annonce sur les résultats des élections, le Parlement européen a largement adopté une résolution non contraignante rejetant les résultats des élections et exigeant l’organisation de nouvelles élections. Quelques heures après ce vote, le gouvernement géorgien a annoncé suspendre les négociations d’adhésion à l’UE jusqu’en 2028.
La Géorgie s’était déjà éloignée de l’UE après avoir promulgué une loi sur « l’influence étrangère », inspirée d’une loi russe utilisée pour censurer la société civile et les opposants politiques.
Violentes manifestations et dérive autoritaire
A la suite de cette décision, de violentes manifestations pro-européennes ont donc lieu depuis presque deux semaines en Géorgie, notamment dans la capitale à Tbilissi, devant le Parlement. Elles réunissent des milliers de manifestants.
Le Rêve géorgien ne veut cependant rien céder. Le Premier ministre Irakli Kobakhidzé a accusé l’opposition de « libéralo-fascisme » et a annoncé qu’il était « nécessaire » de « l’éradiquer complètement ».
La chaine de télévision Pirveli a rapporté que des représentants de plusieurs partis politiques d’opposition avaient été arrêtés et victimes de violences. Le Mouvement national uni, parti d'opposition, a dénoncé « une campagne de terreur et de répressions ». Plus de 300 manifestants ont également été arrêtés.