Ça y est ! Le 9 juillet à 21 heures (heure de Paris), la très attendue fusée Ariane 6 a décollé avec succès depuis le Centre spatial guyanais de Kourou. Initialement prévu en 2020, le vol inaugural du nouveau lanceur européen permet à l'Europe de retrouver un accès à l'espace après le dernier vol d'Ariane 5 en juillet 2023.
Un succès européen
Pour développer la fusée, ArianeGroup, le leader européen des lanceurs, a travaillé avec des centaines d'entreprises européennes issues de 13 pays différents, sous la coordination de l'Agence spatiale européenne (ESA). Cette dernière a confié la maîtrise d'œuvre du développement des moyens sol en Guyane au Centre national d'études spatiales (CNES). Ensemble, tous ces acteurs ont apporté des améliorations substantielles à la fusée par rapport à sa prédécesseure Ariane 5. Par exemple, le nouveau lanceur est capable de voyager plus loin et plus rapidement, et de positionner des satellites à des altitudes différentes.
Ce vol inaugural a permis de démontrer la capacité du lanceur à échapper à la gravité terrestre et à opérer dans l’espace. A son bord : des satellites et expériences d'agences spatiales, d'entreprises, d'instituts de recherche, d'universités et de jeunes professionnels. Ainsi, une heure après son décollage, la fusée a libéré à 600 km de la Terre un premier groupe de satellites, dont le Robusta-3A, un nanosatellite développé au centre spatial universitaire de Montpellier. Sa mission : aider à quantifier l’accumulation de vapeur d’eau au-dessus de la mer Méditerranée et à améliorer les prévisions de fortes pluies provoquant des inondations.
Le lancement d'Ariane 6, dont le carnet de carnet de commandes était déjà rempli depuis plusieurs mois, représente un premier pas majeur vers l'autonomie stratégique de l'Europe dans le domaine spatial. Ainsi, l'efficacité du programme spatial européen exige un accès indépendant à l'espace, notamment pour ses services Galileo et Copernicus.
Renforcer la souveraineté européenne dans le spatial
La fusée Ariane 6 a accusé un retard de quatre ans, et Vega-C restera à l'arrêt jusqu'à la fin de l'année suite à des défaillances techniques. Dans ce contexte, fin avril, deux satellites européens ont été lancés à bord d'une fusée de SpaceX, entreprise américaine fondée par Elon Musk et principale concurrente de l'ESA. Ainsi, l'utilisation de lanceurs américains pose la question de la capacité de l'Europe à construire un secteur spatial autonome.
Pour rattraper ce retard, en janvier 2024, le Commissaire au marché intérieur Thierry Breton a appelé à l'élaboration d'une véritable "politique européenne des lanceurs". Le décollage réussi d'Ariane 6 constitue une première étape majeure dans l'atteinte de cet objectif ambitieux. Ainsi, d'après Martin Sion, CEO d’ArianeGroup, "avec le succès du vol inaugural d'Ariane 6, nous ouvrons un nouveau chapitre pour le spatial européen".
Prochaines étapes
Les prochains modèles de vol sont en chantier et le premier vol commercial est prévu en fin d'année. La filiale Arianespace d'ArianeGroup sera chargée de la commercialisation. L'objectif est d'atteindre dix ou douze vols par an, ce qui suppose une importante mobilisation des industries européennes pour produire un grand nombre de lanceurs.
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