Alors que les débats autour du gazoduc MidCat, reliant l'Espagne (Catalogne) à la France (via l'Occitanie), étaient relancés depuis le début de la crise énergétique, les dirigeants français, portugais et espagnols se sont accordés le 20 octobre dernier pour abandonner ce projet.
Un débat de longue haleine entre la France, l'Espagne et le Portugal
Le gazoduc MidCat représentait, pour l'Espagne et le Portugal, le lien manquant pour le rattachement de leur système énergétique à celui du reste de l'Europe. Dans le cadre des stratégies énergétiques élaborées dans le contexte de la guerre en Ukraine et de l'augmentation de l'autonomie en matière de gaz de l'Espagne, du Portugal, mais également de l'Allemagne le MidCat était un élément jugé indispensable. Les pressions autour de la relance du MidCat se sont intensifiées au fur et à mesure de la crise énergétique, atteignant son paroxysme lors des sabotages du gazoduc Nord Stream 1.
Néanmoins, le Président français Macron avait montré à plusieurs reprises son opposition au projet, alors jugé non indispensable, onéreux et polluant. Macron avait notamment appuyé ses propos en soulignant que les deux gazoducs existants entre la France et l'Espagne ne fonctionnait qu'à 53% de leurs capacités, permettant ainsi une marge d'augmentation. Les eurodéputés français avaient partagé la position du chef d'Etat, lors du vote d'une résolution pour faire face aux prix de l'énergie, début octobre. Les parlementaires français, de tous bords politiques, s'étaient opposés contre la relance du projet, à l'inverse de leurs homologues.
MidCat remplacé par le gazoduc maritime BarMar
Les chefs d’Etats et de gouvernements espagnols, français et portugais se sont convenus d’abandonner ce projet, tout en le remplaçant par un « corridor énergétique vert » reliant le Portugal, l’Espagne et la France au réseau énergétique de l’UE. Ce nouveau projet consiste à un gazoduc maritime reliant Barcelone à Marseille (BarMar), qui transportera principalement de l’hydrogène, ainsi que des gaz renouvelables et une faible proportion de gaz naturel.
La Commission européenne a d'ailleurs annoncé son soutien au projet, en envisageant de le considérer comme un 'projet d'intérêt commun' (PIC), si ce dernier remplit les critères établis par le règlement sur les réseau transeuropéens d'énergie (RTE-E). La question du gaz naturel pose ici problème, car les projets fossiles ne sont pas éligibles à la liste des projets d'intérêt commun de l'UE et ne peuvent donc pas recevoir de financements européens. Ainsi, l'inclusion du BarMar dans la liste des PIC dépendra des précisions qui seront prochainement apportées par l'Espagne, le Portugal et la France.
Des voix s'élèvent déjà en opposition à ce nouveau projet, qui représente d'après elles un danger pour le climat et la biodiversité, mettant en péril les fonds de la Méditerranée entre Barcelone et Marseille, riches en biodiversité.
Une réunion tripartite devrait se tenir en décembre entre les 3 pays afin de discuter du projet.